Sollicités sans cesse par les outils numériques, les jeunes ont de plus en plus de mal à se concentrer. L’enjeu est civilisationnel. La solution sera à la fois sociétale, législative, technique et pédagogique.
A ma gauche : les Insta, Snap, TikTok et autres applications qui captent notre attention. A ma droite : des psychologues et des neuroscientifiques qui sonnent l’alarme : il devient de plus en plus difficile de rester concentré. Au milieu ? Les élèves français. Depuis la rentrée, 200 collèges expérimentent l’interdiction totale des smartphones, que leurs propriétaires rangent dans des casiers le matin. L’enjeu de cette bataille pourrait même être civilisationnel. « L’attention est à la base de nos relations sociales, prévient Stefana Broadbent, spécialiste de l’anthropologie numérique, professeure à l’Ecole polytechnique de Milan et coauteur de « Pour une nouvelle culture de l’attention » (Odile Jacob). L’attention conjointe permet de se mettre à la place de l’autre et de comprendre ce qui l’intéresse ; elle est propre à notre espèce. »
J’ai publié hier matin dans le quotidien Les Échos une enquête sur les pratiques scandaleuses des réseaux sociaux : de plus en plus de plaintes et d’études les accusent d’avoir entretenu et caché leur caractère addictif.
Le 24 octobre 2023, 33 États américains ont ainsi porté plainte contre Facebook et Instagram, les accusant de rendre les enfants et les adolescents dépendants, au détriment de leur santé mentale et physique.
Le 25 octobre 2023, un rapport du Parlement européen a mis en garde contre la nature addictive des réseaux sociaux, dont l’impact sur les enfants et les adolescents est jugé très préoccupant.
• Activez ou installez un contrôle parental sur les écrans de vos enfants, en particulier dès que vous leur offrez un smartphone. • Ce contrôle parental est installé d’origine sur les iPhone (fonction “Temps d’écran”). Pour les smartphones tournant sur Android, on peut télécharger, par exemple, Family Link, Norton Family, Qustodio, Kidslox, etc., sur Google Play. • Ce contrôle parental vous permettra d’empêcher l’installation de nouvelles applications, en particulier celles des réseaux sociaux. • Autre possibilité : si vous autorisez vos enfants à accéder à ces plateformes, le contrôle parental vous permettra de limiter le temps qu’ils y passent. • Apprenez à vos enfants à désactiver les notifications en provenance des réseaux sociaux. • Montrez-leur comment désactiver l’algorithme qui leur « pousse » des contenus personnalisés. Cette option est disponible sur Instagram, TikTok et Snapchat. • Passez l’affichage du smartphone en mode “nuances de gris”, ce qui le rend beaucoup, beaucoup moins attractif.
Rétrospective en photos de l’année scolaire 2021-2022 qui, malgré les différentes vagues de Covid que nous avons traversées, m’a vu donner une trentaine de conférences, devant enfants ou adultes, sur le thème du bon usage des écrans et des réseaux sociaux à Gravelines (59) (photo 1 en haut à gauche, puis de gauche à droite et de haut en bas), à Châtel-Guyon (63) (photo 2), à Paris (75) (photo 3), à Versailles (78) (photo 4 : collège Rameau ; photo 5 : collège et lycée Hoche), à L’Argentière-la-Bessée (05) (photo 6 : Oulx en Italie , une des gares les plus proches), à Vélizy-Villacoublay (78) (photo 7), à Strasbourg (67) (photo 8), à Beuvrages (59) (photo 9), au Pouliguen (44), à Vitry-le-François (51), à Maisons-Laffitte (78), à Nort-sur-Erdre (44), à Orvault (44), à Marcoussis (91), au Raincy (93)…
Merci aux associations de parents d’élèves, aux établissements d’enseignement et aux collectivités locales qui m’ont invité au cours des douze derniers mois :
le GAPE (Groupement Autonome de Parents d’élèves) de Châtel-Guyon, avec le soutien de la CAF (Caisse des Allocations Familiales) du Puy-de-Dôme, le schéma départemental des services aux familles, le REAAP 63 (Réseau d’Écoute, d’Appui & d’Accompagnement des Parents du Puy-de Dôme) et la ville de Châtel-Guyon;
l’association des parents d’élèves (APEL) de l’école primaire de l’ensemble scolaire Saint Jean-Baptiste de la Salle à Vitry-le-François (51) ;
l’association des parents d’élèves (APEL) de l’école primaire Ste-Marie du Pouliguen (44) ;
le pôle parentalité de la commune de Beuvrages (59) ;
l’IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris ;
l’AAPE de Versailles (Association Autonome des Parents d’Élèves et d’Étudiants de Versailles et environs) qui m’a invité devant les parents du collège Rameau (photo 4), puis devant les parents du collège et lycée Hoche (photo 5).
La liste complète des références de mes interventions sur le thème des enfants et des écrans est disponible en suivant ce lien : https://bit.ly/referenceshenno
Votre enfant veut gagner des millions… à Fortnite en devenant joueur professionnel ? Ou passe tout simplement trop de temps sur ce jeu ? Voici quelques arguments pour l’en dissuader…
Qu’est-ce que Fortnite ?
Il existe en fait trois jeux Fortnite,
mais le plus populaire est Fortnite Battle Royal, joué, à un moment ou un
autre, par 250 millions de personnes à travers le monde, depuis son lancement
en décembre 2017. Il a la particularité d’être joué par des joueurs plus jeunes
et plus de filles que la plupart des autres jeux vidéo.
Fortnite est un jeu vidéo en ligne, multijoueur et avec « vue à la troisième personne » (le joueur voit le jeu à travers une caméra placée derrière ou à côté de lui ; c’est un peu moins stressant que les jeux de tir « à la première personne » où le joueur voit le jeu à travers ses propres yeux).
Il est disponible pour la plupart des
ordinateurs, des smartphones et des consoles de jeu.
Le scénario est assez basique : les
joueurs sont parachutés quelque part dans un univers qui va se rétrécir, ce qui
les oblige à se rencontrer et s’éliminer par armes virtuelles.
Jusqu’à une centaine de joueurs peuvent
s’affronter. Ils peuvent jouer seuls ou par équipe de 2 à 4. Le jeu se termine
lorsqu’il ne reste plus qu’une équipe ou un seul joueur. Les parties durent en
moyenne une vingtaine de minutes.
Pourquoi ce jeu est-il aussi populaire ?
Comme une seule équipe ou un seul joueur gagne, tous ceux qui ont perdu veulent immédiatement jouer la revanche. Le jeu peut alors devenir addictif.
Le jeu de base est gratuit. Les joueurs
peuvent cependant acheter des skins (personnalisations de l’apparence du
joueur) ou des pouvoirs.
L’environnement ressemble à celui d’un
dessin animé, avec peu d’images « sanguinolentes ».
La décontraction est de mise : l’ambiance
est plutôt bon enfant et les joueurs peuvent exprimer leurs sentiments, par
exemple en dansant (la danse “Take the L(oss)” a été popularisée par Antoine Griezmann sur les terrains de
foot)
Le jeu fonctionne par « saisons »
: une nouvelle version du jeu sort tous les deux ou trois mois, ce qui
renouvelle l’intérêt pour le jeu.
Il est très populaire sur les réseaux
sociaux, car certaines célébrités y jouent.
Les équipes marketing d’Epic Games, l’éditeur du jeu, ont noué des accords commerciaux avec de grandes marques : il existe une version Fortnite du célèbre Monopoly ; dans une version temporaire de Fortnite, les joueurs pouvaient accéder à des armes appartenant aux super-héros des films de la série Avengers, comme le marteau de Thor ou les « Répulseurs » d’Iron Man…
Epic Games crée régulièrement des
événements autour du jeu. Son plus beau « coup » étant l’organisation d’une
compétition mondiale, la Fortnite World Cup, les 27 et 28 juillet 2019, à
Flushing Meadows (New-York, États-Unis). Environ 40 millions de joueurs ont
participé aux éliminatoires. Fortnite aurait vendu plus de 19 000 billets entre
50 et 150 dollars (soit quelque 19 millions de dollars de recettes, de quoi
couvrir une partie des 36 millions distribués aux vainqueurs des différentes
compétitions). Et le nombre de téléspectateurs, en simultané sur YouTube et Twitch (1) a atteint les 2,3 millions (2).
Que dire aux enfants ?
Il ne faut surtout pas rabaisser les pré-ados et les ados qui se passionnent pour Fortnite en leur disant qu’ils perdent leur temps dans une activité stupide.
Il semble plus efficace de s’intéresser à leur passion, de leur demander ce qui les attire (le jeu en lui-même, le fait d’affronter d’autres personnes…), de faire éventuellement équipe avec eux lors d’une partie…
Votre enfant sera flatté que vous vous intéressiez à son activité favorite du moment et vous saurez dorénavant de quoi vous parlerez lorsque vous discuterez de Fortnite avec lui…
Pourquoi pas 😉 Mais pour beaucoup d’appelés (250 millions de joueurs…), il y aura très peu d‘élus : quelques dizaines de joueurs se sont partagés les 36 millions de dollars distribués lors de la coupe du monde 2019. Par sécurité, votre enfant ferait mieux d’assurer ses arrières en travaillant bien au collège ou au lycée, afin de pouvoir faire des études supérieures, au cas où sa carrière de joueur tourne court.
Elle risque de tourner d’autant plus court
que l’engouement pour Fortnite va forcément retomber un jour ou l’autre, au
profit d’un nouveau jeu…
S’il veut être sûr de gagner de l’argent
avec les jeux vidéo, il ferait mieux de faire des études lui permettant
d’entrer chez un éditeur de jeux. Ce sont les éditeurs qui gagnent le plus
d’argent, pas les joueurs !
En attendant, dites-lui qu’il peut jouer,
mais modérément : maximum deux ou trois parties de 20 minutes chacune par jour
en semaine pendant l’année scolaire. Un peu plus le week-end et pendant les
vacances. Il est important de faire une pause entre les parties pour faire
retomber l’excitation. Et plus
un enfant passe de temps devant les écrans, moins ses résultats scolaires
risquent d’être bons…
Sur les ordinateurs Mac et Windows, il est
possible de configurer des sessions qui offrent un accès global à l’ordinateur
à tel ou tel enfant pendant une durée quotidienne limitée.
Je viens de mettre en ligne sur le site www.nosenfants.fr, sept extraits vidéo de l’entretien que le Dr Marc Valleur, psychiatre, directeur de l’Hôpital Marmottan, à Paris, spécialiste des problèmes de dépendance, m’avait accordé le 14 juin 2007, dans le cadre de la préparation de mon enquête Les 90 questions que tous les parents se posent…
Dans ces petits films de une à trois minutes, le Dr Marc Valleur nous parle de l’addiction aux jeux vidéo.
Il nous présente les trois facteurs de la dépendance :
Internet, téléphone mobile, jeux vidéo… la révolution numérique affecte toute notre vie
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