Le data-mining contesté aux Etats-Unis

Le data-mining (la « fouille de données ») est un des outils statistiques utilisés par les agences de renseignements américaines pour identifier des terroristes – ou supposés tels – parmis tous les fichiers auxquels celles-ci ont accès : listes des passagers des compagnies aériennes, transferts de fonds, écoutes électroniques,etc. Un article du quotidien français Les Echos révèle que cet outil est très critiqué aux Etats-Unis mêmes : http://www.lesechos.fr/info/metiers/4480142.htm

Nouveau coup de force américain sur le transfert des données des passagers.

Dans « Tous fichés », je relate comment les données des passagers des compagnies aériennes (les PNR – Passenger Name Records- en jargon technique) sont au cœur de la stratégie américaine de fichage systématique des étrangers. En 2002, les Etats-Unis avaient menacé d’interdire aux compagnies européennes d’atterrir sur leurs territoires si elles ne communiquaient pas les informations qu’elles possèdent sur leurs clients et qui peuvent permettre aux douanes américaines d’identifier des terroristes. Un accord avait finalement été trouvé en 2004 entre l’administration Bush et la Commission européenne. Il fut finalement annulé par la Cour européenne de justice. Washington et Bruxelles ont dû entamer de nouvelles négociations. Un accord temporaire, valable jusqu’en juillet 2007, a été signé le 6 octobre. Les Etats-Unis ont profité de ces pourparlers pour officialiser ce que je soupçonnais dans Tous Fichés : les PNR sont transmis non seulement aux Douanes, mais aussi à des agences de renseignements américaines, qui peuvent ainsi s’en servir pour élaborer des fiches sur chacun d’entre nous. Au total, les PNR comprennent une soixantaine d’entrées. On y trouve l’agence auprès de laquelle la réservation a été effectuée, l’itinéraire du voyage, le descriptif des vols concernés (numéro des vols successifs, date, heures, classe économique, business, etc.), le groupe de personnes pour lesquelles une même réservation est faite, le contact à terre du passager (numéro de téléphone au domicile, au bureau), les tarifs accordés, l’état et les modalités du paiement (références de la carte bancaire…), les réservations d’hôtels ou de voitures à l’arrivée, ainsi que les prestations à bord liées aux préférences alimentaires des passagers (repas standard, végétarien, asiatique, cascher, etc.), sans oublier les problèmes de santé (diabétique, aveugle, sourd, personne nécessitant un fauteuil roulant, assistance médicale, etc.).

Dans vingt ans des puces RFID seront implantées chez tous les nouveaux-nés

Dans un des derniers chapitres de « Tous fichés », je fais un peu de science-fiction et j’imagine un monde où nous serions tous suivis en permanence grâce à des puces RFID (lisibles à distance). Un chercheur israélien, Michael Dahan, confirme, hélas, mes sombres prédictions. P. 181 de mon enquête, j’écris : « On imagine ce que donnerait une alliance entre le programme de Surveillance Totale, des marqueurs VeriChip (des puces RFID qui permettent d’identifier un objet à distance) devenus obligatoires pour tout le monde et des Predator (des avions militaires sans pilote, équipés pour tuer) capables de les lire depuis le ciel… Chaque être humain se verrait inoculé un implant à la naissance. Le code inscrit dans la puce VeriChip renverrait à un fichier archivé dans les ordinateurs du programme Surveillance Totale. Ces données permettraient de déterminer le degré de dangerosité de chaque personne et d’accorder à celle-ci plus ou moins de liberté dans ses déplacements. Tout individu surpris par un Predator sur un territoire interdit serait immédiatement « neutralisé ». Dommage pour les faux positifs, ces pauvres innocents confondus, à la suite d’une erreur d’informatique, avec de vrais coupables. » Pour Michael Dahan, professeur au collège académique Sapir, en Israël, cela est tout à fait envisageable. « Avant 2020, chaque nouveau-né, dans les pays industrialisés, se verra implanter une puce RFID ou similaire. Fournissant officiellement d’importantes données personnelle et médicales, ces puces pourront aussi être utilisées pour l’observation et la surveillance. » (Source : http://www.elon.edu/e-web/predictions/2006survey.pdf)

Les Etats-Unis vont surveiller les médias étrangers

Le ministère de la Sécurité intérieure américain vient d’accorder 2,4 millions de dollars à des organismes de recherche pour mettre au point un logiciel capable d’analyser le contenu des journaux étrangers. L’objectif est de détecter les menaces qui pèseraient sur les Etats-Unis et que pourraient trahir les textes négatifs ou haineux à l’égard de ce pays et de ses dirigeants. Ce premier financement doit permettre de jeter les bases d’un programme informatique capable de dire si un texte porte un jugement positif, neutre ou mauvais sur les Etats-Unis. Officiellement, cet outil d’analyse des sentiments pro ou antiaméricains doit permettre d’évaluer l’opinion des médias. Mais il pourra tout aussi servir à scruter internet… (Source : http://www.nytimes.com/2006/10/04/us/04monitor.html?_r=1&oref=slogin)