Archives de catégorie : Facebook

Trois vidéos pour comprendre l’impact des réseaux sociaux sur nos enfants

Les réseaux sociaux peuvent poser plusieurs problèmes aux enfants :

• les moins de 13 ans peuvent y être exposés à des commentaires qui peuvent les mettre mal à l’aise, voir les choquer ; ils vont prendre l’habitude d’y exposer toute leur vie et surtout, d’y passer beaucoup de temps, le modèle économique de ces réseaux reposant sur l’économie de l’attention ; 

• les adolescents risquent également d’y passer énormément de temps, d’avoir du mal à se concentrer pendant leurs devoirs lorsqu’ils seront dérangés par les notifications envoyées sur leur smartphone par ces réseaux sociaux et de faire sur ces réseaux des bêtises qui risquent de les poursuivre pendant leur vie de jeunes adultes

Il est donc souhaitable que les parents engagent un dialogue constructif avec leurs enfants souhaitant s’inscrire sur un réseau social, qu’ils leurs rappellent les principes de cette fameuse économie de l’attention (capter notre attention et donc notre temps pour nous exposer à de la publicité personnalisée en fonction des informations que ces réseaux collectent sur nous), leurs expliquent les règles de base pour bien protéger leurs données et… montrent l’exemple en ne passant pas trop de temps eux-mêmes sur ces réseaux.

Le 6 décembre 2017, l’émission La Maison des Maternelles m’a invité pour parler des problèmes que YouTube a pu poser  (il suffisait de commencer à taper dans la barre de recherche de Youtube « How to» pour se voir proposer un recherche à caractère pédophile, comme “how to have s*x with your kid” and “how to have s*x kids” ; commentaires à caractère pédophile sur des vidéos mettant en scène des enfants dans des situations de la vie de tous les jours ; vidéos montrant des enfants humiliés par leurs parents…), des réponses apportées à Google (dont YouTube est une filiale) et des conseils que je donne aux parents pour éviter que leurs enfants ne soient trop exposés sur les réseaux sociaux.

Une émission à revoir sur https://www.france.tv/france-5/la-maison-des-maternelles/saison-2/353503-mon-bebe-sur-les-reseaux-sociaux.html

Le 14 décembre 2017, j’étais invité à 8H15 sur BFM pour donner mon avis sur la proposition de loi du gouvernement français visant à obliger les enfants de moins de 16 ans à demander l’autorisation de leurs parents avant de s’inscrire sur un réseau social.

Vous pouvez revoir cette vidéo en suivant ce lien : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/focus-premiere-reseaux-sociaux-bientot-une-autorisation-parentale-pour-les-moins-de-16-ans-1013959.html

J’ai rappelé que cette loi était en décalage avec la réalité vécue par les familles : pour des raisons propres à la législation étasunienne (loi COPPA : Children’s Online PrivacyProtection Rule) les réseaux sociaux d’origine américaine refusent l’accès aux enfants de moins de 13 ans mais beaucoup d’enfants mentent simplement sur leur âge pour s’inscrire.

Ces réseaux sociaux se contentent en effet de demander la date de naissance de leurs utilisateurs. Pour aller plus loin, il faudrait, par exemple, une carte d’identité électronique, comme il en existe en Belgique et en Estonie. Mais cette solution nécessite la possession d’un lecteur de cartes et peut poser des problèmes en termes de respect de la vie privée. Beaucoup de Belges, par exemple, ont renoncé à utiliser leur eID (carte d’identité électronique) sur des sites web commerciaux pour ces raisons. « L’application stricte de la législation en matière de protection de la vie privée est un frein potentiel à l’utilisation généralisée de l’eID. La carte n’est pas encore suffisamment utilisée ni connue malgré́ toute la promotion et la communication faites à son sujet », expliquait déjà en 2012 la Cour desComptes de Belgique.

 

Enfin, toujours le 14 décembre 2017, France 3 m’a invité dans son Grand Soir 3 pour faire le point sur tous les problèmes que les réseaux sociaux peuvent poser aux enfants : harcèlement, exposition à des commentaires déplacés, trop de temps passé devant les écrans, exploitation des données personnelles à des fins publicitaires… 

Une émission à revoir sur :  https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/les-reseaux-sociaux-sont-ils-dangereux-pour-les-enfants_2516183.html

« Les fake news aident à simplifier et ordonner le réel »

À lire également sur le sujet des Fake News, l’interview que j’ai réalisée, toujours pour Les Échos, de Patrick Chastenet, professeur de science politique au Centre Montesquieu de Recherche Politique de Bordeaux et qui a dirigé l’ouvrage collectif « La propagande » (Cahiers Jacques-Ellul n°4, L’Esprit du Temps/PUF) 

« Les fake news aident à simplifier et ordonner le réel »

http://ift.tt/2yg1bFz 

« Fake news » : il y a urgence !

J’ai publié ce matin dans le quotidien Les Échos une enquête sur les recherches en cours un peu partout dans le monde sur de nouvelles façons de lutter contre les fake news.

En 2022, la désinformation pourrait avoir supplanté l’information sur Internet. Aucune solution miracle n’a encore vu le jour pour éradiquer les « fake news », mais universitaires, associations et réseaux sociaux explorent toutes les voies. Parmi les solutions envisagées : repérer automatiquement les informations douteuses, contraindre les réseaux sociaux à faire le ménage, ou frapper les sites qui publient des fausses nouvelles au portefeuille, en poussant les annonceurs à les boycotter.

Pour lire l’intégralité de cet article : https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/030766385737-quelles-pistes-contre-les-fake-news-2124450.php 

Sur RTL pour parler de Facebook et de nos données, qu’il utilise pour gagner de l’argent

J’étais l’invité lundi dernier, 18 septembre 2017, de la seconde partie de La curiosité est un vilain défaut, l’émission que Sidonie Bonnec et Thomas Hugues animent tous les jours de la semaine sur RTL, entre 14H et 15H.

Au programme : comment Facebook s’empare des données que nous lui confions en nous inscrivant et en utilisant ce réseau social  ; comment ils nous suit à la trace sur tous les sites Web disposant d’un bouton « J’aime » ; comment Facebook gagne de l’argent avec ces informations ; et pourquoi il est régulièrement pointé du doigt par la CNIL et d’autres agences européennes de protection des données…

Une émission à réécouter sur http://ift.tt/2jCkz8N (cliquez sur le fichier Facebook, en dessous de la photo des deux animateurs).

 

Les réseaux sociaux, de vrais amis ?

J’ai été interrogé par Céline Rapinat pour l’article qu’elle a consacré aux réseaux sociaux dans l’édition de juin 2017 du magazine Lyon Capitale : « Les réseaux sociaux, de vrais amis ? » (rubrique éducation).

« 77% des 13-19 ans sont inscrits sur Facebook, 57% sur Snapchat, 78% sur Instagram. Devenus incontournables, les réseaux sociaux permettent aux ados de rester en contact, d’échanger, d’assouvir leur curiosité… De fidèles « compagnons » qu’il faut pourtant utiliser avec précaution et modération. »*


J’explique : 

  • ce que sont les photos conversationnelles (les ados publient des photos sur les réseaux sociaux pour avoir un commentaire de la part de leurs amis),
  • ce que les jeunes apprennent et expérimentent sur ces sites Web,
  • pourquoi il est important d’expliquer aux jeunes le modèle économique de ces entreprises (la publicité personnalisée grâce à toutes les informations qu’ils donnent) afin qu’ils comprennent pourquoi elles vont tout faire pour qu’ils y passent un maximum de temps,
  • comment les aider à vérifier les informations que l’on trouve sur Facebook ou Twitter.


Enfin, je donne quelques pistes pour encadrer l’utilisation des smartphones par les adolescents, ainsi que quelques conseils pour bien paramétrer leur profil sur les réseaux sociaux.


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sources :  chiffres Facebook et SnapChat : étude Ipsos Bayard-Milan et Disney Hachette presse, réalisée en 2016 ; chiffre Instagram : étude Ipsos Connect réalisée en 2015

Appel à témoignages : « Pourquoi publiez-vous des informations personnelles sur Facebook ? »

Composition 4 (pas de renvoi).001Dans le cadre d’une étude universitaire sur les traces que nous laissons en utilisant les nouvelles technologies, je recherche des utilisatrices/utilisateurs de Facebook, âgés de plus de 18 ans, présents cet été à Paris ou Bourg-Saint-Maurice et qui accepteraient de répondre à quelques questions sur les informations qu’elles/ils partagent sur les réseau sociaux.
Exemples de questions : « Qu’est-ce qui vous a amené à vous inscrire sur Facebook ? » « Quels genres d’informations partagez-vous sur Facebook ? » « Ces informations sont-elles visibles par tout le monde ? », etc.
Si vous souhaitez participer, sur la base du volontariat et de l’anonymat, à ces entretiens individuels d’environ 1H / 1H30, vous pouvez prendre contact avec moi :

D’avance, merci de votre aide.
Jacques Henno
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PS : il n’existe aucun lien entre l’auteur de cette étude et la société Facebook. Il s’agit d’une étude universitaire, totalement indépendante.

Facebook : la CNIL inflige un camouflet à son équivalent irlandais

COUV_PREDATEURS_VALLEE_130x200_BAT_2Dès mai 2012, j’avais signalé à la CNIL que Facebook collectait des données sensibles (opinion politique, religion, pratiques sexuelles…) en toute illégalité. En réalité, à travers Facebook, c’est l’équivalent irlandais de la CNIL qui semble visé. Quelques jours après qu’Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la CNIL, ait été réélue à la tête du G29, le groupe de travail qui rassemble les CNIL européennes…

La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a, hier, publiquement mis en demeure Facebook de se conformer à la loi Informatique et Libertés.

La CNIL a relevé  cinq manquements à la législation française : 

• grâce à des cookies, le réseau social est capable de « suivre la navigation des internautes, à leur insu, sur des sites tiers [contenant un bouton Facebook même si ces Internautes] ne disposent pas de compte Facebook ». 

• Facebook dépose sur l’ordinateur des internautes des cookies à finalité publicitaire, sans les en avoir au préalable correctement informés ni avoir recueilli leur consentement.

• pour mieux connaître les centres d’intérêt de ses membres et leur afficher de la publicité ciblée, le réseau social « procède à la combinaison de toutes les données personnelles qu’il détient sur eux, [qu’elles soient] fournies par les internautes eux-mêmes, collectées par le site, par les autres sociétés du groupe ou transmises par des partenaires commerciaux. » Mais les Internautes ne peuvent pas s’opposer à cette regroupement de données.

• le site « transfère les données personnelles de ses membres aux Etats-Unis sur la base du Safe harbor », ce qui n’est plus possible depuis octobre 2015.

• Enfin, Facebook « ne recueille pas le consentement exprès des internautes lors de la collecte et du traitement des données relatives à leurs opinions politiques, ou religieuses, et à leur orientation sexuelle. » 

Je suis étonné que la CNIL ne s’attaque à ce dernier problème que maintenant. En effet, dès mai 2012, j’avais signalé à la CNIL que Facebook collectait des données sensibles (opinion politique, religion, pratiques sexuelles…) en toute illégalité : « Facebook permet aux annonceurs de cibler les Internautes en fonction de leurs centres d’intérêt – déclarés ou supposés – pour certaines pratiques sexuelles ou pour la drogue. »

Contactée à l’époque, Sophie Nerbonne, directeur adjoint des affaires juridiques de la CNIL, m’avait alors confirmé qu’ «il s’agit d’une utilisation de données sensibles à des fins publicitaires. L’accord préalable des internautes à l’utilisation de ces données aurait dû être recueilli par Facebook. Et le réseau social ne peut pas s’abriter derrière les conditions générales d’utilisation que doit approuver tout nouvel Internaute qui s’inscrit à ses services : ce document ne peut pas suffire pour recueillir le consentement préalable à l’utilisation de données sensibles.»

Pourquoi a-t-il fallu attendre près de quatre ans pour que la CNIL réagisse ?

Le siège social de Facebook Europe étant en Ireland, c’est « the Office of the Data Protection Commissioner », l’équivalent irlandais de la CNIL, qui est plus particulièrement chargé du dossier Facebook. En mai 2012, j’avais d’ailleurs transmis à cet organisme les mêmes remarques qu’à la CNIL. Il s’en était suivi un long échange de mails avec the Office of the Data Protection Commissioner, échange qui s’était achevé en mars 2014 par un dernier message où je demandé aux représentants du Commissioner pourquoi la CNIL irlandaise était aussi indulgente avec le réseau social et quelles sanctions étaient prévues si celui-ci ne se respectait pas leurs demandes… 

En désespoir de cause, j’avais transmis tous ces documents à la CNIL française.

La mise en demeure de Facebook par la CNIL française constitue donc un sérieux camouflet pour le  Data Protection Commissioner irlandais, qui est, normalement, en charge de ce dossier.

Sollicité par courrier électronique, le  Data Protection Commissioner irlandais m’a répondu qu’il « n’avait pas de commentaire à faire sur cette affaire. »

Ce matin sur Sud-Radio pour parler de l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans

J’ai répondu ce matin sur Sud-Radio aux questions de Dimitri Pavlenko : à quel âge faut-il autoriser son enfant à ouvrir un compte sur un réseau social ?



Il n’existe pour l’instant aucune législation française ou européenne interdisant à un mineur de s’inscrire sur un réseau social. Mais les réseaux sociaux les plus utilisés par les enfants et les adolescents français (Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram, WhatsApp) étant tous américains, ces sites Web ou applications respectent les lois de Washington et en particulier la loi COPPA (Children’s Online Privacy Protection Act), très contraignante pour les sites qui accepteraient des enfants de moins de 13 ans. C’est pourquoi la plupart de ces réseaux refusent les moins de 13 ans : 


Réseaux interdits aux moins de 13 ans :



Réseaux interdits aux moins de 16 ans :

En Europe, les choses pourraient changer prochainement : un « accord informel » (qui doit donc encore être soumis à un vote du Parlement européen) sur la protection des données prévoit en effet que : 
« les enfants en dessous d’un certain âge devront obtenir la permission de leurs parents (« consentement parental ») pour ouvrir un compte sur les médias sociaux tels que Facebook, Instagram ou Snapchat, comme c’est déjà le cas dans la plupart des pays de l’UE aujourd’hui. Les nouvelles règles flexibles assurent que les États membres puissent fixer leurs propres limites à condition qu’elles ne soient pas inférieures à 13 ans ou supérieures à 16 ans, leur donnant ainsi la liberté de conserver celles qu’ils appliquent déjà. »


Les législateurs européens ont en effet estimé que les réseaux sociaux pouvaient poser un certain nombre de problèmes chez les enfants : divulgation de données privées, cyberharcèlement, échange de photos intimes…


Vous pouvez réécouter en podcast  mon intervention de ce matin.

Et retrouver tous mes conseils dans mon livre Facebook et vos enfants – Guide pratique : les 45 questions à se poser absolument.

Notre double numérique, véritable enjeu du « droit à l'oubli »

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu le 13 mai dernier une décision sur le « droit à l’oubli » : les moteurs de recherche comme Google devront répondre favorablement aux internautes qui souhaiteraient faire effacer des informations sur eux apparaissant sur des sites Web. Malheureusement, cette décision ne constitue qu’une première étape dans la défense de la vie privée. Au-delà des serveurs Internet qui révèlent des informations sur nous, il y a bien plus important à protéger : notre double numérique.

Quelque part dans le monde, à chaque instant, se créent des «doubles numériques» de nous-mêmes, à partir d’informations collectées sur Internet et/ou puisées dans des fichiers existants, contenant des informations parcellaires ou complètes, vraies ou fausses, actualisées ou anciennes, et pouvant être utilisés à des fins commerciales, policières, politiques ou d’espionnage économique.

Jacques Perriault a proposé dès 2003 «la notion de “double numérique” pour caractériser l’ensemble des données que les systèmes d’information recueillent stockent et traitent pour chaque individu [1]». Nous avons utilisé l’expression « double numérique » pour la première fois début 2006, pour parler des fichiers et des fichiers résultant des croisements de fichiers constitués à partir d’informations volontairement communiquées par les internautes-consommateurs-citoyens, mais aussi à partir d’informations collectées à l’insu de ces acteurs. Pour nous, un double numérique n’est donc pas constitué des traces que nous laissons, mais de l’interprétation (la transformation de l’information en savoir ou supposé tel) de ces traces.

Par exemple, lorsque l’utilisateur d’un “capteur de données” (comme le réseau social Facebook) crée son compte chez ce “capteur”, puis s’y connecte, il fournit à ce “capteur” : prénom, nom, date et lieu de naissance, centres d’intérêt, liste d’amis, date et heure de connexion, actualisation de son statut, photos publiées, clics sur des publicités, pages Web visitées contenant une “émanation” du capteur (bouton «J’aime» de Facebook), etc.

Le double numérique de cet utilisateur, compilé par le “capteur de données” (comme Facebook) pour un “marchand de données” (dans notre exemple les propres services commerciaux de Facebook), est souvent constitué d’une liste de centres d’intérêts déduits des données collectées. Cette liste de centre d’intérêts va permettre de classer cet individu dans tel ou tel profil publicitaire (cf. le concept de «database of intentions» de John Battelle [2]) :

Voici, par exemple, le double numérique, compilé par Facebook, d’une lycéenne de 17 ans [3], autrement dit les centres d’intérêts de cette jeune fille, en tout cas ce qu’en perçoit le réseau social :

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La fin de la vie privée ? Enjeux sociétaux, économiques et légaux des doubles numériques.

Les doubles numériques :


• peuvent révéler des pans entiers de la vie privée des internautes-consommateurs-citoyens, y compris des données sensibles (sexualité, préférences politiques…). Sur l’interface que le “capteur/marchand de données” Facebook met à la disposition de ses annonceurs, il est possiblede cibler des internautes en fonction d’intérêts supposés pour des drogues illégales ou des pratiques sexuelles [4].

• échappent partiellement ou totalement à la simple connaissance et encore plus au contrôle des individus ainsi “profilés”. Même si les utilisateurs des plateformes de socialisation décident de cacher telle ou telle information à leurs contacts, l’ensemble des informations qu’ils publient reste accessible aux programmes de profilage de ces plateformes. Les doubles numériques rendent donc plausible l’hypothèse de la fin de la vie privée, contrairement à ce que soutiennent, par exemple, Antonio A. Casilli [5] ou Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) [6]. Si l’on retient comme définition de la vie privée, la possibilité de choisir les informations que l’on souhaite divulguer ou cacher à tels ou tels groupes de personnes [7], cette possibilité n’existe plus avec les doubles numériques.

• peuvent servir à influencer les comportements économiques ou politiques des individus, non seulement à travers des messages publicitaires, mais aussi en ne leur présentant que la partie d’un ensemble qui semble le mieux appropriée à leur double numérique, ce qui peut conduire à une distorsion de la perception de la réalité recherchée par l’utilisateur : le double numérique sert à nous montrer «ce qu’il pense que nous voulons voir [8]». Comment en sommes-nous arrivés à laisser des algorithmes décider de ce qui est bien pour nous ?

• constituent la première source de revenus de l’économie numérique [9]

• servent à surveiller les individus (concept de «dataveillance» de Roger Clarcke [10]) et alimentent une utopie de surveillance totale (projet américain TIA – Total Information Awareness – au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 [11]). Utopie que la NSA tente de rendre réelle, comme l’ont montré les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden. Or, cette utopie remet en cause un des droits de l’homme communs à la plupart des démocraties modernes : «Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable […] [12] » ; et le transforme en «Tout individu peut être surveillé et est donc présumé suspect»

De la nécessité d’une recherche sur les doubles numériques


Les doubles numériques méritent donc d’être étudiés à travers les prismes d’au moins sept thèmes :


• “double numérique” et concept : pourquoi « double » plutôt que « simple » dimension supplémentaire d’être au monde et d’existence ? En quoi y a t il « double » plutôt qu’une nouvelle modalité de description des logiques d’actions, de relations, etc.;


• double numérique et dispositifs sociaux-numériques : description des processus de traçabilité et de profilage des utilisateurs qui permettent la création de ces «doubles numériques» ;


• double numérique et représentation de l’identité : «Apparaît un individu réifié devenant une chose manipulable» [ 13]. Le double numérique constitue-il pour l’homme une tentative ultime et désespérée – faute de pouvoir comprendre l’autre, voire de devenir l’autre – d’enfermer cet autre dans  des espaces préconçus ? Quelles sont les conséquences de cette vision réductrice de l’homme (normalement, « […] la répétition la plus exacte, la plus stricte a pour corrélat le maximum de différence » [14]?) sur la doxa (« Ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social ») des relations hommes-machines, machines-machines et éventuellement hommes-hommes ?


• double numérique et marchandisation des données : usages commerciaux, policiers et politiques qui peuvent être faits de ces doubles numériques et des abus que ces usages peuvent entraîner. Les doubles numériques, « dans le contexte de l’auto-constitution ontologique du client à partir de son commerce des objets et des services, de sa position dans l’espace-temps numérique à n dimensions, géolocalisé, et à partir de ses énoncés prescriptifs validés [15] » offrent de bien meilleures capacités de profilage que les cartes de paiement ou les cartes de fidélités.

• double numérique et influence : interactions entre les «doubles numériques» et les internautes-consommateurs-citoyens : influence des doubles numériques sur les internautes (en ne nous montrant que ce qu’ils pensent que nous voulons voir, les doubles numériques ne se donnent-ils pas raison ?) ; influence des internautes sur les doubles numériques (boucles d’apprentissage [16] mises au point par les doubles numériques pour améliorer le profilage des internautes en fonction des réactions de ces derniers aux propositions commerciales qui leur sont faites)


• double numérique et surveillance : remise en cause de la notion de vie privée ; remise en cause de la présomption d’innocence ; mais qui surveille qui ? « Avec la nouvelle donne technique, le contrôlé peut désormais avoir accès à des moyens de contrôle utilisés par le contrôleur. De surveillé, il peut devenir à son tour surveillant. [17] »

• double numérique et citoyenneté : perception des doubles numériques par les internautes-consommateurs-citoyens ; éducation des internautes-consommateurs-citoyens à la perception et à la défense de leurs doubles-numériques


• double numérique et propriété : comment reprendre le contrôle de nos données ? Certains experts militent pour un renforcement des législations existantes, d’autres pour un nouveau droit de la propriété des données ou pour de nouvelles technologies [18].


Conclusion

Dans un contexte de dissémination générale des nouvelles technologies, les doubles numériques remettent en cause les notions mêmes de vies privée, citoyenne et politique. Ils constituent donc un enjeu sociétal majeur dans les sociétés numériques et imposent de bousculer «les cloisonnements disciplinaires, en ouvrant de nouvelles voies de recherche, mais aussi en accompagnant de nouvelles formes d’expérimentation sociales, territoriales, éducatives ou cognitives [19] »

Bibliographie


[1] Perriault Jacques, 2009, «Traces numériques personnelles, incertitude et lien social», Traçabilité et réseaux, Hermès 53, CNRS Editions, avril 2009, Paris, p. 15.

[3] Pour connaître la procédure qui  permet d’obtenir la liste des catégories dans lesquelles Facebook range chacun d’entre nous, voir http://tousfiches.com/2013/01/comment-savoir-dans-quelles-categories.html

[5] Casilli A. A. 2013, «Contre l’hypothèse de la « fin de la vie privée », La négociation de la privacy dans les médias sociaux, Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication N°3, 2013, http://rfsic.revues.org/630

[7] Nippert-Eng, Christina. 2010, Islands of Privacy, University of Chicago Press, Chicago, octobre, 416 pages

[8] Eli Pariser, 2011, The Filter Bubble: What the Internet Is Hiding from You, Penguin Press, New York

[9]voir, entre autres, Lafrance J.-P., 2013, «L’économie numérique : la réalité derrière le miracle des NTIC, Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication N°3, http://rfsic.revues.org/639

[11] Mattelart Armand, 2008, La globalisation de la surveillance, La Découverte, Paris, p. 173

[12] extrait de l’article 9 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ; http://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Declaration-des-Droits-de-l-Homme-et-du-Citoyen-de-1789

[13] Franck Renucci, Benoît Le Blanc et Samuel Lepastier, 2014, «Introduction générale», L’Autre n’est pas une donnée, Hermès 68, CNRS Editions, avril 2014, Paris, p. 12.

[14] Deleuze Gilles, 1968, Différence et répétition, PUF, Paris, p. 5

[15] Noyer Jean-Max, 2013, « Les vertiges de l’hyper-marketing : Data Mining et production sémiotique », Les débats du numériques, Presse des Mines, Paris, p. 61

[16] Argyris Chris, 1976, «Single-Loop and Double-Loop Models in Research on Decision Making», Administrative Science Quarterly, Vol. 21, No. 3, Johnson Graduate School of Management, Cornell University, Septembre, pp. 363-375 Accès internet : http://academic.udayton.edu/richardghere/igo%20ngo%20research/argyris.pdf

[17] Mattelart Armand, Vitalis André, 2014, Le profilage des populations – Du livret ouvrier au cybercontrôle, La Découverte, Paris, p. 205

[19] Maignien Yannick, 2013, «Quelles redistributions de pouvoirs autour des “automates sémantiques” ?», Les débats du numériques, Presse des Mines, Paris, p. 226

Notre double numérique, véritable enjeu du « droit à l’oubli »

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu le 13 mai dernier une décision sur le « droit à l’oubli » : les moteurs de recherche comme Google devront répondre favorablement aux internautes qui souhaiteraient faire effacer des informations sur eux apparaissant sur des sites Web. Malheureusement, cette décision ne constitue qu’une première étape dans la défense de la vie privée. Au-delà des serveurs Internet qui révèlent des informations sur nous, il y a bien plus important à protéger : notre double numérique.

Quelque part dans le monde, à chaque instant, se créent des «doubles numériques» de nous-mêmes, à partir d’informations collectées sur Internet et/ou puisées dans des fichiers existants, contenant des informations parcellaires ou complètes, vraies ou fausses, actualisées ou anciennes, et pouvant être utilisés à des fins commerciales, policières, politiques ou d’espionnage économique.

Jacques Perriault a proposé dès 2003 «la notion de “double numérique” pour caractériser l’ensemble des données que les systèmes d’information recueillent stockent et traitent pour chaque individu [1]». Nous avons utilisé l’expression « double numérique » pour la première fois début 2006, pour parler des fichiers et des fichiers résultant des croisements de fichiers constitués à partir d’informations volontairement communiquées par les internautes-consommateurs-citoyens, mais aussi à partir d’informations collectées à l’insu de ces acteurs. Pour nous, un double numérique n’est donc pas constitué des traces que nous laissons, mais de l’interprétation (la transformation de l’information en savoir ou supposé tel) de ces traces.

Par exemple, lorsque l’utilisateur d’un “capteur de données” (comme le réseau social Facebook) crée son compte chez ce “capteur”, puis s’y connecte, il fournit à ce “capteur” : prénom, nom, date et lieu de naissance, centres d’intérêt, liste d’amis, date et heure de connexion, actualisation de son statut, photos publiées, clics sur des publicités, pages Web visitées contenant une “émanation” du capteur (bouton «J’aime» de Facebook), etc.

Le double numérique de cet utilisateur, compilé par le “capteur de données” (comme Facebook) pour un “marchand de données” (dans notre exemple les propres services commerciaux de Facebook), est souvent constitué d’une liste de centres d’intérêts déduits des données collectées. Cette liste de centre d’intérêts va permettre de classer cet individu dans tel ou tel profil publicitaire (cf. le concept de «database of intentions» de John Battelle [2]) :

Voici, par exemple, le double numérique, compilé par Facebook, d’une lycéenne de 17 ans [3], autrement dit les centres d’intérêts de cette jeune fille, en tout cas ce qu’en perçoit le réseau social :

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La fin de la vie privée ? Enjeux sociétaux, économiques et légaux des doubles numériques.

Les doubles numériques :


• peuvent révéler des pans entiers de la vie privée des internautes-consommateurs-citoyens, y compris des données sensibles (sexualité, préférences politiques…). Sur l’interface que le “capteur/marchand de données” Facebook met à la disposition de ses annonceurs, il est possiblede cibler des internautes en fonction d’intérêts supposés pour des drogues illégales ou des pratiques sexuelles [4].

• échappent partiellement ou totalement à la simple connaissance et encore plus au contrôle des individus ainsi “profilés”. Même si les utilisateurs des plateformes de socialisation décident de cacher telle ou telle information à leurs contacts, l’ensemble des informations qu’ils publient reste accessible aux programmes de profilage de ces plateformes. Les doubles numériques rendent donc plausible l’hypothèse de la fin de la vie privée, contrairement à ce que soutiennent, par exemple, Antonio A. Casilli [5] ou Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) [6]. Si l’on retient comme définition de la vie privée, la possibilité de choisir les informations que l’on souhaite divulguer ou cacher à tels ou tels groupes de personnes [7], cette possibilité n’existe plus avec les doubles numériques.

• peuvent servir à influencer les comportements économiques ou politiques des individus, non seulement à travers des messages publicitaires, mais aussi en ne leur présentant que la partie d’un ensemble qui semble le mieux appropriée à leur double numérique, ce qui peut conduire à une distorsion de la perception de la réalité recherchée par l’utilisateur : le double numérique sert à nous montrer «ce qu’il pense que nous voulons voir [8]». Comment en sommes-nous arrivés à laisser des algorithmes décider de ce qui est bien pour nous ?

• constituent la première source de revenus de l’économie numérique [9]

• servent à surveiller les individus (concept de «dataveillance» de Roger Clarcke [10]) et alimentent une utopie de surveillance totale (projet américain TIA – Total Information Awareness – au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 [11]). Utopie que la NSA tente de rendre réelle, comme l’ont montré les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden. Or, cette utopie remet en cause un des droits de l’homme communs à la plupart des démocraties modernes : «Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable […] [12] » ; et le transforme en «Tout individu peut être surveillé et est donc présumé suspect»

De la nécessité d’une recherche sur les doubles numériques


Les doubles numériques méritent donc d’être étudiés à travers les prismes d’au moins sept thèmes :


• “double numérique” et concept : pourquoi « double » plutôt que « simple » dimension supplémentaire d’être au monde et d’existence ? En quoi y a t il « double » plutôt qu’une nouvelle modalité de description des logiques d’actions, de relations, etc.;


• double numérique et dispositifs sociaux-numériques : description des processus de traçabilité et de profilage des utilisateurs qui permettent la création de ces «doubles numériques» ;


• double numérique et représentation de l’identité : «Apparaît un individu réifié devenant une chose manipulable» [ 13]. Le double numérique constitue-il pour l’homme une tentative ultime et désespérée – faute de pouvoir comprendre l’autre, voire de devenir l’autre – d’enfermer cet autre dans  des espaces préconçus ? Quelles sont les conséquences de cette vision réductrice de l’homme (normalement, « […] la répétition la plus exacte, la plus stricte a pour corrélat le maximum de différence » [14]?) sur la doxa (« Ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social ») des relations hommes-machines, machines-machines et éventuellement hommes-hommes ?


• double numérique et marchandisation des données : usages commerciaux, policiers et politiques qui peuvent être faits de ces doubles numériques et des abus que ces usages peuvent entraîner. Les doubles numériques, « dans le contexte de l’auto-constitution ontologique du client à partir de son commerce des objets et des services, de sa position dans l’espace-temps numérique à n dimensions, géolocalisé, et à partir de ses énoncés prescriptifs validés [15] » offrent de bien meilleures capacités de profilage que les cartes de paiement ou les cartes de fidélités.

• double numérique et influence : interactions entre les «doubles numériques» et les internautes-consommateurs-citoyens : influence des doubles numériques sur les internautes (en ne nous montrant que ce qu’ils pensent que nous voulons voir, les doubles numériques ne se donnent-ils pas raison ?) ; influence des internautes sur les doubles numériques (boucles d’apprentissage [16] mises au point par les doubles numériques pour améliorer le profilage des internautes en fonction des réactions de ces derniers aux propositions commerciales qui leur sont faites)


• double numérique et surveillance : remise en cause de la notion de vie privée ; remise en cause de la présomption d’innocence ; mais qui surveille qui ? « Avec la nouvelle donne technique, le contrôlé peut désormais avoir accès à des moyens de contrôle utilisés par le contrôleur. De surveillé, il peut devenir à son tour surveillant. [17] »

• double numérique et citoyenneté : perception des doubles numériques par les internautes-consommateurs-citoyens ; éducation des internautes-consommateurs-citoyens à la perception et à la défense de leurs doubles-numériques


• double numérique et propriété : comment reprendre le contrôle de nos données ? Certains experts militent pour un renforcement des législations existantes, d’autres pour un nouveau droit de la propriété des données ou pour de nouvelles technologies [18].


Conclusion

Dans un contexte de dissémination générale des nouvelles technologies, les doubles numériques remettent en cause les notions mêmes de vies privée, citoyenne et politique. Ils constituent donc un enjeu sociétal majeur dans les sociétés numériques et imposent de bousculer «les cloisonnements disciplinaires, en ouvrant de nouvelles voies de recherche, mais aussi en accompagnant de nouvelles formes d’expérimentation sociales, territoriales, éducatives ou cognitives [19] »

Bibliographie


[1] Perriault Jacques, 2009, «Traces numériques personnelles, incertitude et lien social», Traçabilité et réseaux, Hermès 53, CNRS Editions, avril 2009, Paris, p. 15.

[3] Pour connaître la procédure qui  permet d’obtenir la liste des catégories dans lesquelles Facebook range chacun d’entre nous, voir http://tousfiches.com/2013/01/comment-savoir-dans-quelles-categories.html

[5] Casilli A. A. 2013, «Contre l’hypothèse de la « fin de la vie privée », La négociation de la privacy dans les médias sociaux, Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication N°3, 2013, http://rfsic.revues.org/630

[7] Nippert-Eng, Christina. 2010, Islands of Privacy, University of Chicago Press, Chicago, octobre, 416 pages

[8] Eli Pariser, 2011, The Filter Bubble: What the Internet Is Hiding from You, Penguin Press, New York

[9]voir, entre autres, Lafrance J.-P., 2013, «L’économie numérique : la réalité derrière le miracle des NTIC, Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication N°3, http://rfsic.revues.org/639

[11] Mattelart Armand, 2008, La globalisation de la surveillance, La Découverte, Paris, p. 173

[12] extrait de l’article 9 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ; http://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Declaration-des-Droits-de-l-Homme-et-du-Citoyen-de-1789

[13] Franck Renucci, Benoît Le Blanc et Samuel Lepastier, 2014, «Introduction générale», L’Autre n’est pas une donnée, Hermès 68, CNRS Editions, avril 2014, Paris, p. 12.

[14] Deleuze Gilles, 1968, Différence et répétition, PUF, Paris, p. 5

[15] Noyer Jean-Max, 2013, « Les vertiges de l’hyper-marketing : Data Mining et production sémiotique », Les débats du numériques, Presse des Mines, Paris, p. 61

[16] Argyris Chris, 1976, «Single-Loop and Double-Loop Models in Research on Decision Making», Administrative Science Quarterly, Vol. 21, No. 3, Johnson Graduate School of Management, Cornell University, Septembre, pp. 363-375 Accès internet : http://academic.udayton.edu/richardghere/igo%20ngo%20research/argyris.pdf

[17] Mattelart Armand, Vitalis André, 2014, Le profilage des populations – Du livret ouvrier au cybercontrôle, La Découverte, Paris, p. 205

[19] Maignien Yannick, 2013, «Quelles redistributions de pouvoirs autour des “automates sémantiques” ?», Les débats du numériques, Presse des Mines, Paris, p. 226