Archives de catégorie : Silicon Valley

Pourquoi il faut apprendre aux enfants à bien paramétrer Facebook : demain, ce seront les données des autres qu'ils ne respecteront pas

Devenus adultes, les ados d’aujourd’hui travailleront peut-être dans l’analyse des données, un métier en plein essor. Si nous ne les aidons pas, maintenant, à faire respecter, sur Facebook, leur intimité et à respecter celle de leurs amis, ils risquent fort de ne pas acquérir de bons réflexes en termes de défense de la vie privée. Et de conserver ces comportements dans leur travail, où ils seront justement conduits à manipuler des données personnelles. Les conséquences pourraient être catastrophiques sur les libertés individuelles.


Adam D. I. Kramer, Jamie E. Guillory et Jeffrey T. Hancock – photos extraites de leurs profils Facebook ou Linkedin

Trois brillants trentenaires américains, Adam D. I. Kramer, «data scientist» (data scientifique ou chargé de modélisation des données) au service « Recherche » de Facebook, Jamie E. Guillory, chercheuse postdoctorale à l’université de San Francisco, et Jeffrey T. Hancock, professeur à l’université Cornell (Ithaca, état de New York), ont publié le 17 juin 2014 une étude intitulée « Preuve expérimentale de contagion émotionnelle à grande échelle par l’intermédiaire des réseaux sociaux » (« Experimental evidence of massive-scale emotional contagion through social networks »).

Ces trois titulaires d’un doctorat (en communication pour la jeune femme et en psychologie pour ses deux collègues) y affirment avoir modifié les contenus vus par 689 003 utilisateurs, consultant Facebook en anglais, du 11 au 18 janvier 2012 ; ils voulaient prouver que plus un internaute voyait de messages négatifs sur ce réseau, plus il aurait tendance à publier lui-même des messages négatifs ; inversement avec les messages positifs.

Les résultats de ce travail doivent être relativisés, puisque seulement 0,1% à 0,07% des internautes auraient modifié leur comportement. Mais sa révélation a, fort justement, suscité un tollé dans le monde entier : certes Facebook n’a rien à se reprocher sur le plan légal (1), mais avait-il le droit moral de manipuler ses utilisateurs ?

Voilà trois jeunes gens bardés de diplômes qui n’ont pas réfléchi aux conséquences de leurs agissements. Comment le pourraient-ils ? Voilà des années qu’ils dévoilent leur vie sur les réseaux sociaux : Jeffrey T. Hancock et Jamie E. Guillory utilisent Facebook depuis 2004, et Adam D. I. Kramer, depuis 2007.

Ils pourraient servir de cobayes pour une étude validant la prophétie que Mark Zuckberg, le fondateur de Facebook, fit en 2010 : « la vie privée n’est plus une norme sociale.» Comment des jeunes gens, à qui ce réseau social a fait perdre la notion même de vie privée, pour eux, mais aussi pour les autres – ce qui leur a donc fait ôter une grande partie de ce qui constitue le respect d’autrui-, pourraient-ils avoir des remords en manipulant les informations envoyées à des internautes ?

Voilà bien ce qui risque d’arriver si nous n’ouvrons pas les yeux de nos adolescents sur le modèle économique des sites Internet gratuits comme les réseaux sociaux (ils revendent nos données à des entreprises, sous formes de publicité) et si nous ne les sensibilisons pas au respect de la vie privée, entre autres en leur montrant comment paramétrer correctement leur profil Facebook : devenus adultes, s’ils travaillent sur des données personnelles, ils risquent de ne pas les estimer à leur juste valeur.

Or, ces données sont aussi précieuses que les êtres humains qu’elles représentent, puisqu’elles en constituent le « double numérique ».

Il est donc urgent de former les jeunes au respect des données : nombre d’entre eux vont devenir data scientist, comme Adam D. I. Kramer. On estime à un million le nombre de spécialistes de cette science qu’il va falloir former au cours des dix prochaines années dans le monde.

Nous vivons une « datafication (2) » de nos sociétés : bientôt tous les êtres humains, tous les objets produiront des données, par l’intermédiaire des capteurs dont ils seront équipés (un smartphone, par exemple, contient plusieurs capteurs permettant de suivre son propriétaire quasiment à la trace).

Schématiquement, on peut dire que l’analyse de cette quantité d’informations incroyables à laquelle l’humanité a désormais accès, constitue ce que l’on appelle le « Big Data » ; l’objectif du « Big Data » étant de trouver, au sein de ces données, des corrélations (des règles), qui vont expliquer des phénomènes jusqu’ici mystérieux. Puis de s’en servir pour réaliser des prédictions : quel traitement va le mieux marcher sur tel malade ? quelle pièce sur tel modèle d’avion assemblé telle année dans telle usine présente un risque de « casser » ? ou qui a le plus de chance de voter pour tel candidat (3) ?

Voici ce qu’a répondu Stéphane Mallat, 50 ans, mathématicien, professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, lorsque j’ai demandé si les scientifiques n’avaient pas l’impression, avec le Big Data, de jouer avec le feu :«[…] un outil scientifique, on le sait très bien, on peut l’utiliser à des objectifs qui peuvent être complètement différents. Une roue, ça peut servir à faire un char de guerre tout comme à transporter de la nourriture. C’est absolument clair que les outils de Big Data peuvent avoir des effets nocifs de surveillance et il faut pouvoir le contrôler, donc là, c’est à la société d’établir des règles et surtout d’abord de comprendre la puissance pour pouvoir adapter la législation, les règles à l’éthique. A partir de là, en même temps, il faut bien réaliser qu’avec ces outils, on est capable de potentiellement considérablement améliorer la médecine, notamment en définissant des cures qui ne sont plus adaptées à un groupe de population, mais à une personne en fonction de son génome de son mode de vie.[…] Donc ce que je pense, c’est que c’est un outil extraordinairement riche et ensuite, c’est à nous tous en termes de société de s’assurer qu’il est utilisé à bon escient. (4) »

Commençons par éduquer nos ados au respect de leur propre vie privée.

___
(1)  La Politique d’utilisation des données de Facebook précise « […] nous pouvons utiliser les informations que nous recevons à votre sujet : […] pour des opérations internes, dont le dépannage, l’analyse de données, les tests, la recherche et l’amélioration des services.»
(2) Victor Mayer-Schönberger, Kenneth Cukier, « Big Data A revolution that will transform how we live, work and think», Hougthon Mifflin Harcourt, Boston New York,  2013 p. 15
(3) voir mon livre  « Silicon Valley / Prédateurs Vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s’emparent de nos données »
(4) le phénomène Big Data, Les fondamentales (CNRS), La Sorbonne, 15 novembre 2013, à réécouter sur http://ift.tt/1snUCUo (je pose ma question 1H05 après le début du débat).

Cette semaine, France Culture, France Info et France 5 m'ont invité pour parler du programme américain de surveillance électronique

• Mardi 11 juin, j’ai été l’invité du journal de 18H de Tara Schlegel, pour parler du scandale Prism, le système d’espionnage américain,  révélé par Edward Snowden ; vous pouvez réécouter mon intervention en suivant ce lien :

http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-18h-l-europe-s-inquiete-du-programme-prism-2013-06-11


• Jeudi 13 juin, je suis intervenu pendant Les Choix de France Info, l’émission de Jean Leymarie, pour parler de nos «Données personnelles : quelles traces laissons-nous ?», à réécouter sur :

http://www.franceinfo.fr/high-tech/les-choix-de-france-info/donnees-personnelles-quelles-traces-laissons-nous-1023355-2013-06-13


• Enfin, toujours, jeudi, j’étais sur le plateau de C Dans l’air, dont le thème était «Qui espionne qui ?»


http://www.france5.fr/c-dans-l-air/international/qui-espionne-qui-39118


Cette semaine, France Culture, France Info et France 5 m’ont invité pour parler du programme américain de surveillance électronique

• Mardi 11 juin, j’ai été l’invité du journal de 18H de Tara Schlegel, pour parler du scandale Prism, le système d’espionnage américain,  révélé par Edward Snowden ; vous pouvez réécouter mon intervention en suivant ce lien :

http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-18h-l-europe-s-inquiete-du-programme-prism-2013-06-11


• Jeudi 13 juin, je suis intervenu pendant Les Choix de France Info, l’émission de Jean Leymarie, pour parler de nos «Données personnelles : quelles traces laissons-nous ?», à réécouter sur :

http://www.franceinfo.fr/high-tech/les-choix-de-france-info/donnees-personnelles-quelles-traces-laissons-nous-1023355-2013-06-13


• Enfin, toujours, jeudi, j’étais sur le plateau de C Dans l’air, dont le thème était «Qui espionne qui ?»


http://www.france5.fr/c-dans-l-air/international/qui-espionne-qui-39118


Espionnage américain : les données qu'Apple, Facebook ou Google possèdent sur nous sont extrêmement indiscrètes

The Guardian et The Washington Post ont révélé que la NSA (National Security Agency), l’agence américaine chargée des écoutes électroniques, pouvait avoir directement accès aux serveurs d’Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier.

Pour se rendre compte à quel point les données archivées par ces géants de l’Internet révèlent tout de nous, y compris notre intimité, il suffit de créer une publicité sur Facebook.

Voici déjà plusieurs mois que j’ai constaté que Facebook permettait aux annonceurs de cibler des publicités en fonction de nos centres d’intérêt supposés pour certaines pratiques sexuelles ou certaines drogues illicites (lire l’épisode 1 : Les publicités Facebook ciblent nos préférences sexuelles !l’épisode 2 avec l’avis de la CNIL et de son homologue irlandaisl’épisode 3, avec la réponse officielle, mais décevante, de Facebook, ainsi qu’une interview de Benoit Dupont, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie de l’Université de Montréal ; l’épisode 4 avec l’ultimatum que la CNIL irlandaise avait lancé à Facebook ; l’épisode 5 pour apprendre comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées).

La saisie d’écran ci-dessous, réalisée ce matin même, prouve qu’il est toujours possible de concevoir une publicité sur Facebook ciblant les internautes en fonction de données sensibles.

Espionnage américain : les données qu’Apple, Facebook ou Google possèdent sur nous sont extrêmement indiscrètes

The Guardian et The Washington Post ont révélé que la NSA (National Security Agency), l’agence américaine chargée des écoutes électroniques, pouvait avoir directement accès aux serveurs d’Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier.

Pour se rendre compte à quel point les données archivées par ces géants de l’Internet révèlent tout de nous, y compris notre intimité, il suffit de créer une publicité sur Facebook.

Voici déjà plusieurs mois que j’ai constaté que Facebook permettait aux annonceurs de cibler des publicités en fonction de nos centres d’intérêt supposés pour certaines pratiques sexuelles ou certaines drogues illicites (lire l’épisode 1 : Les publicités Facebook ciblent nos préférences sexuelles !l’épisode 2 avec l’avis de la CNIL et de son homologue irlandaisl’épisode 3, avec la réponse officielle, mais décevante, de Facebook, ainsi qu’une interview de Benoit Dupont, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie de l’Université de Montréal ; l’épisode 4 avec l’ultimatum que la CNIL irlandaise avait lancé à Facebook ; l’épisode 5 pour apprendre comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées).

La saisie d’écran ci-dessous, réalisée ce matin même, prouve qu’il est toujours possible de concevoir une publicité sur Facebook ciblant les internautes en fonction de données sensibles.

Deux livres à lire ou à relire pour comprendre le programme d’espionnage américain révélé par The Guardian et The Washington Post

The Guardian et The Washington Post viennent de révéler que la NSA (National Security Agency), l’agence américaine chargée des écoutes électroniques avait directement accès aux serveurs d’Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier. C’est-à-dire n’importe lequel d’entre nous !
Officiellement, ces écoutes visent à lutter contre le terrorisme, mais les données collectées pourraient tout aussi bien être utilisées pour l’espionnage économique ou la surveillance politique.
Les grandes oreilles de l’Oncle Sam ont accès à l’historique de nos recherches sur Google, aux courriers électroniques que nous échangeons sur Yahoo!, aux vidéos que nous publions sur YouTube ou aux photos que nous archivons sur Picasa dans le cadre d’un programme de surveillance appelé Prism, qui est le descendant du programme TIA (Total Information Awareness : Surveillance Totale) que je décris dans mon livre Tous Fichés : l’incroyable projet américain pour déjouer les attentats terroristes (Editions Télémaque novembre 2005).
Ce programme de «Surveillance totale», initié après les attentats du 11 septembre 2001, visait à constituer des fiches sur chaque habitant de la planète pour  détecter, dans nos agissements, les signes annonçant la préparation d’attentats terroristes.
Une des retombées de ce programme de recherche fut la réquisition par les autorités américaines des données des passagers : depuis novembre 2001, toutes les compagnies aériennes qui desservent ou qui survolent les Etats-Unis doivent communiquer toutes les informations qu’elles possèdent sur les passagers de chacun de leurs vols (nom, adresse, email, numéro de carte bancaire, passagers voyageant avec eux, préférences alimentaires…).
Puis les autorités américaines ont étendu ces réquisitions aux données des grands acteurs américains de l’Internet. Dans mon livre Silicon Valley / Prédateurs vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s’emparent de nos données (Editions Télémaque novembre 2011), je raconte que ces entreprises savent… tout de nous !
Près d’un milliard de Terriens utilisent les services de Google ou de Facebook. A travers les mots clés que nous tapons lors de nos recherches, Google sait quelles maladies nous avons (il est capable de prédire les épidémies de grippe avec trois jours d’avance sur les observatoires officiels de la grippe qui existent dans les pays développés), pour qui nous votons, nos croyances, nos préférences alimentaires, etc.

Deux livres à lire ou à relire pour comprendre le programme d'espionnage américain révélé par The Guardian et The Washington Post

The Guardian et The Washington Post viennent de révéler que la NSA (National Security Agency), l’agence américaine chargée des écoutes électroniques avait directement accès aux serveurs d’Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier. C’est-à-dire n’importe lequel d’entre nous !
Officiellement, ces écoutes visent à lutter contre le terrorisme, mais les données collectées pourraient tout aussi bien être utilisées pour l’espionnage économique ou la surveillance politique.
Les grandes oreilles de l’Oncle Sam ont accès à l’historique de nos recherches sur Google, aux courriers électroniques que nous échangeons sur Yahoo!, aux vidéos que nous publions sur YouTube ou aux photos que nous archivons sur Picasa dans le cadre d’un programme de surveillance appelé Prism, qui est le descendant du programme TIA (Total Information Awareness : Surveillance Totale) que je décris dans mon livre Tous Fichés : l’incroyable projet américain pour déjouer les attentats terroristes (Editions Télémaque novembre 2005).
Ce programme de «Surveillance totale», initié après les attentats du 11 septembre 2001, visait à constituer des fiches sur chaque habitant de la planète pour  détecter, dans nos agissements, les signes annonçant la préparation d’attentats terroristes.
Une des retombées de ce programme de recherche fut la réquisition par les autorités américaines des données des passagers : depuis novembre 2001, toutes les compagnies aériennes qui desservent ou qui survolent les Etats-Unis doivent communiquer toutes les informations qu’elles possèdent sur les passagers de chacun de leurs vols (nom, adresse, email, numéro de carte bancaire, passagers voyageant avec eux, préférences alimentaires…).
Puis les autorités américaines ont étendu ces réquisitions aux données des grands acteurs américains de l’Internet. Dans mon livre Silicon Valley / Prédateurs vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s’emparent de nos données (Editions Télémaque novembre 2011), je raconte que ces entreprises savent… tout de nous !
Près d’un milliard de Terriens utilisent les services de Google ou de Facebook. A travers les mots clés que nous tapons lors de nos recherches, Google sait quelles maladies nous avons (il est capable de prédire les épidémies de grippe avec trois jours d’avance sur les observatoires officiels de la grippe qui existent dans les pays développés), pour qui nous votons, nos croyances, nos préférences alimentaires, etc.

Instagram : pourquoi Facebook s’offre un album-photo à 1 milliard de dollars

Hier Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a lui-même annoncé que son réseau social allait racheter Instagram, un site de partage de photos pour mobiles, pour 1 milliard de dollars (764 millions d’euros).

Cette acquisition entre parfaitement dans la stratégie de développement de Facebook que j’ai décrite dans mon livre « Silicon Valley / Prédateurs Vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s’emparent de nos données« .

Dans cette enquête, je détaille le modèle économique de Facebook, basé sur la publicité ciblée et donc sur la nécessité pour cette entreprise d’accumuler le plus d’informations sur chacun d’entre nous en vue de connaître nos centres d’intérêts.

Cette stratégie met le réseau de Mark Zuckerberg :

  1. en concurrence frontale avec Google, dont le modèle économique est similaire et qui a lancé l’an dernier son propre réseau social, Google + ;
  2. dans l’obligation de développer ses services sur mobiles, car de plus en plus d’internautes utilisent Facebook à partir d’un smartphone ou d’une tablette : déjà sur 845 millions d’abonnés, la moitié s’y connecte depuis un « appareil mobile »
  3. dans la nécessité de pousser plus loin encore l’analyse des photos que nous publions. 250 millions de photos sont publiées tous les jours sur Facebook. Nous écrivons de moins en moins de textes sur le réseau social, mais nous y publions toujours plus de photos, en particulier à partir de notre téléphone portable. Cela signifie que si Facebook veut continuer à cerner nos centres d’intérêt (et, donc, pouvoir nous envoyer des publicités personnalisées), l’entreprise doit analyser ce qui se passe dans nos clichés : où ont-ils été pris, qui y figure, quelles marques apparaissent…

Le rachat d’Instagram cadre parfaitement avec cette stratégie et explique sans doute pourquoi Facebook a accepté de débourser 1 milliard de dollars pour une start-up qui n’a ni chiffre d’affaires, ni bénéfice, emploie une quinzaine de personnes, mais compterait une trentaine de millions d’utilisateurs dans le monde :

  1. jusqu’à la semaine dernière, Instagram n’était disponible que sous la forme d’une application pour les iPhone d’Apple. Mais début avril, la jeune pousse a sorti une application tournant sur les téléphones portables équipés de Google Android, le système d’exploitation pour smart phones mis au point par Google. Le géant de Mountain View, à la recherche de leviers pour accélérer le développement de Google +, s’intéressait, lui aussi, à Instagram. Mark Zuckerberg a sans doute voulu couper l’herbe sous le pied à son grand rival ;
  2. Instagram va permettre au célèbre réseau social d’enrichir instantanément son offre de services pour ses utilisateurs de téléphone mobile ;
  3. l’analyse des photos : Instagram fonctionne sur des smartphones (iPhone, Google Android) dotés de GPS qui enregistrent automatiquement l’endroit où a été prise la photo ; le filtre choisi pour retoucher les clichés pourrait peut-être en dire beaucoup sur l’humeur du moment de l’utilisateur ;
  4. Mark Zuckerberg et Kevin Systrom, le patron d’Instagram, se sont engagés à maintenir Instagram comme un service indépendant de Facebook, grâce auquel nous pourrons continuer à partager nos photos avec les abonnés d’autres réseaux sociaux (Twitter…). Facebook pourra-t-il se servir d’Instagram comme d’une sorte de Cheval de Troie pour espionner nos agissements sur les autres réseaux ?  Les règles de confidentialité d’Instagram précisent que la start-up peut partager nos informations personnelles avec des entreprises « partenaires » ou « associées » : «Instagram discloses potentially personally-identifying and personally-identifying information only to those of its employees, contractors and affiliated organizations that (i) need to know that information in order to process it on Instagram’s behalf or to provide services available at Instagram’s websites, and (ii) that have agreed not to disclose it to others.*»

*Source : http://instagram.com/legal/privacy/

Instagram : pourquoi Facebook s'offre un album-photo à 1 milliard de dollars

Hier Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a lui-même annoncé que son réseau social allait racheter Instagram, un site de partage de photos pour mobiles, pour 1 milliard de dollars (764 millions d’euros).

Cette acquisition entre parfaitement dans la stratégie de développement de Facebook que j’ai décrite dans mon livre « Silicon Valley / Prédateurs Vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s’emparent de nos données« .

Dans cette enquête, je détaille le modèle économique de Facebook, basé sur la publicité ciblée et donc sur la nécessité pour cette entreprise d’accumuler le plus d’informations sur chacun d’entre nous en vue de connaître nos centres d’intérêts.

Cette stratégie met le réseau de Mark Zuckerberg :

  1. en concurrence frontale avec Google, dont le modèle économique est similaire et qui a lancé l’an dernier son propre réseau social, Google + ;
  2. dans l’obligation de développer ses services sur mobiles, car de plus en plus d’internautes utilisent Facebook à partir d’un smartphone ou d’une tablette : déjà sur 845 millions d’abonnés, la moitié s’y connecte depuis un « appareil mobile »
  3. dans la nécessité de pousser plus loin encore l’analyse des photos que nous publions. 250 millions de photos sont publiées tous les jours sur Facebook. Nous écrivons de moins en moins de textes sur le réseau social, mais nous y publions toujours plus de photos, en particulier à partir de notre téléphone portable. Cela signifie que si Facebook veut continuer à cerner nos centres d’intérêt (et, donc, pouvoir nous envoyer des publicités personnalisées), l’entreprise doit analyser ce qui se passe dans nos clichés : où ont-ils été pris, qui y figure, quelles marques apparaissent…

Le rachat d’Instagram cadre parfaitement avec cette stratégie et explique sans doute pourquoi Facebook a accepté de débourser 1 milliard de dollars pour une start-up qui n’a ni chiffre d’affaires, ni bénéfice, emploie une quinzaine de personnes, mais compterait une trentaine de millions d’utilisateurs dans le monde :

  1. jusqu’à la semaine dernière, Instagram n’était disponible que sous la forme d’une application pour les iPhone d’Apple. Mais début avril, la jeune pousse a sorti une application tournant sur les téléphones portables équipés de Google Android, le système d’exploitation pour smart phones mis au point par Google. Le géant de Mountain View, à la recherche de leviers pour accélérer le développement de Google +, s’intéressait, lui aussi, à Instagram. Mark Zuckerberg a sans doute voulu couper l’herbe sous le pied à son grand rival ;
  2. Instagram va permettre au célèbre réseau social d’enrichir instantanément son offre de services pour ses utilisateurs de téléphone mobile ;
  3. l’analyse des photos : Instagram fonctionne sur des smartphones (iPhone, Google Android) dotés de GPS qui enregistrent automatiquement l’endroit où a été prise la photo ; le filtre choisi pour retoucher les clichés pourrait peut-être en dire beaucoup sur l’humeur du moment de l’utilisateur ;
  4. Mark Zuckerberg et Kevin Systrom, le patron d’Instagram, se sont engagés à maintenir Instagram comme un service indépendant de Facebook, grâce auquel nous pourrons continuer à partager nos photos avec les abonnés d’autres réseaux sociaux (Twitter…). Facebook pourra-t-il se servir d’Instagram comme d’une sorte de Cheval de Troie pour espionner nos agissements sur les autres réseaux ?  Les règles de confidentialité d’Instagram précisent que la start-up peut partager nos informations personnelles avec des entreprises « partenaires » ou « associées » : «Instagram discloses potentially personally-identifying and personally-identifying information only to those of its employees, contractors and affiliated organizations that (i) need to know that information in order to process it on Instagram’s behalf or to provide services available at Instagram’s websites, and (ii) that have agreed not to disclose it to others.*»

*Source : http://instagram.com/legal/privacy/