Archives de catégorie : Génération numérique

Trois vidéos pour comprendre l’impact des réseaux sociaux sur nos enfants

Les réseaux sociaux peuvent poser plusieurs problèmes aux enfants :

• les moins de 13 ans peuvent y être exposés à des commentaires qui peuvent les mettre mal à l’aise, voir les choquer ; ils vont prendre l’habitude d’y exposer toute leur vie et surtout, d’y passer beaucoup de temps, le modèle économique de ces réseaux reposant sur l’économie de l’attention ; 

• les adolescents risquent également d’y passer énormément de temps, d’avoir du mal à se concentrer pendant leurs devoirs lorsqu’ils seront dérangés par les notifications envoyées sur leur smartphone par ces réseaux sociaux et de faire sur ces réseaux des bêtises qui risquent de les poursuivre pendant leur vie de jeunes adultes

Il est donc souhaitable que les parents engagent un dialogue constructif avec leurs enfants souhaitant s’inscrire sur un réseau social, qu’ils leurs rappellent les principes de cette fameuse économie de l’attention (capter notre attention et donc notre temps pour nous exposer à de la publicité personnalisée en fonction des informations que ces réseaux collectent sur nous), leurs expliquent les règles de base pour bien protéger leurs données et… montrent l’exemple en ne passant pas trop de temps eux-mêmes sur ces réseaux.

Le 6 décembre 2017, l’émission La Maison des Maternelles m’a invité pour parler des problèmes que YouTube a pu poser  (il suffisait de commencer à taper dans la barre de recherche de Youtube « How to» pour se voir proposer un recherche à caractère pédophile, comme “how to have s*x with your kid” and “how to have s*x kids” ; commentaires à caractère pédophile sur des vidéos mettant en scène des enfants dans des situations de la vie de tous les jours ; vidéos montrant des enfants humiliés par leurs parents…), des réponses apportées à Google (dont YouTube est une filiale) et des conseils que je donne aux parents pour éviter que leurs enfants ne soient trop exposés sur les réseaux sociaux.

Une émission à revoir sur https://www.france.tv/france-5/la-maison-des-maternelles/saison-2/353503-mon-bebe-sur-les-reseaux-sociaux.html

Le 14 décembre 2017, j’étais invité à 8H15 sur BFM pour donner mon avis sur la proposition de loi du gouvernement français visant à obliger les enfants de moins de 16 ans à demander l’autorisation de leurs parents avant de s’inscrire sur un réseau social.

Vous pouvez revoir cette vidéo en suivant ce lien : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/focus-premiere-reseaux-sociaux-bientot-une-autorisation-parentale-pour-les-moins-de-16-ans-1013959.html

J’ai rappelé que cette loi était en décalage avec la réalité vécue par les familles : pour des raisons propres à la législation étasunienne (loi COPPA : Children’s Online PrivacyProtection Rule) les réseaux sociaux d’origine américaine refusent l’accès aux enfants de moins de 13 ans mais beaucoup d’enfants mentent simplement sur leur âge pour s’inscrire.

Ces réseaux sociaux se contentent en effet de demander la date de naissance de leurs utilisateurs. Pour aller plus loin, il faudrait, par exemple, une carte d’identité électronique, comme il en existe en Belgique et en Estonie. Mais cette solution nécessite la possession d’un lecteur de cartes et peut poser des problèmes en termes de respect de la vie privée. Beaucoup de Belges, par exemple, ont renoncé à utiliser leur eID (carte d’identité électronique) sur des sites web commerciaux pour ces raisons. « L’application stricte de la législation en matière de protection de la vie privée est un frein potentiel à l’utilisation généralisée de l’eID. La carte n’est pas encore suffisamment utilisée ni connue malgré́ toute la promotion et la communication faites à son sujet », expliquait déjà en 2012 la Cour desComptes de Belgique.

 

Enfin, toujours le 14 décembre 2017, France 3 m’a invité dans son Grand Soir 3 pour faire le point sur tous les problèmes que les réseaux sociaux peuvent poser aux enfants : harcèlement, exposition à des commentaires déplacés, trop de temps passé devant les écrans, exploitation des données personnelles à des fins publicitaires… 

Une émission à revoir sur :  https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/les-reseaux-sociaux-sont-ils-dangereux-pour-les-enfants_2516183.html

Les réseaux sociaux, de vrais amis ?

J’ai été interrogé par Céline Rapinat pour l’article qu’elle a consacré aux réseaux sociaux dans l’édition de juin 2017 du magazine Lyon Capitale : « Les réseaux sociaux, de vrais amis ? » (rubrique éducation).

« 77% des 13-19 ans sont inscrits sur Facebook, 57% sur Snapchat, 78% sur Instagram. Devenus incontournables, les réseaux sociaux permettent aux ados de rester en contact, d’échanger, d’assouvir leur curiosité… De fidèles « compagnons » qu’il faut pourtant utiliser avec précaution et modération. »*


J’explique : 

  • ce que sont les photos conversationnelles (les ados publient des photos sur les réseaux sociaux pour avoir un commentaire de la part de leurs amis),
  • ce que les jeunes apprennent et expérimentent sur ces sites Web,
  • pourquoi il est important d’expliquer aux jeunes le modèle économique de ces entreprises (la publicité personnalisée grâce à toutes les informations qu’ils donnent) afin qu’ils comprennent pourquoi elles vont tout faire pour qu’ils y passent un maximum de temps,
  • comment les aider à vérifier les informations que l’on trouve sur Facebook ou Twitter.


Enfin, je donne quelques pistes pour encadrer l’utilisation des smartphones par les adolescents, ainsi que quelques conseils pour bien paramétrer leur profil sur les réseaux sociaux.


__

sources :  chiffres Facebook et SnapChat : étude Ipsos Bayard-Milan et Disney Hachette presse, réalisée en 2016 ; chiffre Instagram : étude Ipsos Connect réalisée en 2015

Le jeu vidéo est-il l’avenir de l’info ?

capture-les-echos-18-oct-16-newsgamesJ’ai publié ce matin dans le quotidien Les Echos un article sur les newsgames, les jeux d’information.

De plus en plus de journaux et de sites d’informations utilisent des jeux vidéo à des fins pédagogiques, mais aussi pour tenter d’attirer un public plus jeune, habitué à cette forme de médias.

Pour lire cet article, suivez ce lien : http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0211275214525-le-jeu-video-est-il-lavenir-de-linfo-2035733.php

Cette enquête comprend également un encadré sur l’utilisation de la réalité virtuelle par la presse : http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0211275214653-la-realite-virtuelle-divise-les-journalistes-2035694.php 

Appel à témoignages : « Pourquoi publiez-vous des informations personnelles sur Facebook ? »

Composition 4 (pas de renvoi).001Dans le cadre d’une étude universitaire sur les traces que nous laissons en utilisant les nouvelles technologies, je recherche des utilisatrices/utilisateurs de Facebook, âgés de plus de 18 ans, présents cet été à Paris ou Bourg-Saint-Maurice et qui accepteraient de répondre à quelques questions sur les informations qu’elles/ils partagent sur les réseau sociaux.
Exemples de questions : « Qu’est-ce qui vous a amené à vous inscrire sur Facebook ? » « Quels genres d’informations partagez-vous sur Facebook ? » « Ces informations sont-elles visibles par tout le monde ? », etc.
Si vous souhaitez participer, sur la base du volontariat et de l’anonymat, à ces entretiens individuels d’environ 1H / 1H30, vous pouvez prendre contact avec moi :

D’avance, merci de votre aide.
Jacques Henno
__

PS : il n’existe aucun lien entre l’auteur de cette étude et la société Facebook. Il s’agit d’une étude universitaire, totalement indépendante.

Comment le Big Data va bousculer le crédit

CaptureLesEchos2016-03-18J’ai publié ce matin dans le quotidien Les Echos un article sur une nouvelle tendance qui arrive des Etats-Unis et d’Asie : utiliser les données publiques, les réseaux sociaux et les algorithmes prédictifs pour évaluer, en quelques minutes, les capacités de remboursement des individus ou des petites entreprises.

Pour évaluer le risque que représente un emprunteur, des start-up, (Affirm, Biz2credit, Zest Finance aux Etats-Unis…) et en Asie (Lenddo aux Philippines…).scannent des centaines de « signaux faibles » : temps passé à taper son adresse e-mail (pour détecter les copier-coller, souvent symptomatiques d’une adresse créée pour la circonstance…), horaire de la demande (les formulaires remplis la nuit suscitent la méfiance…), identité sur les réseaux sociaux, descriptif du travail sur Linkedin, nombre d’amis sur Facebook, heures et fréquence d’envoi des courriels…

Pour en savoir plus :

Comment le Big Data va bousculer le crédit

A Besançon (Doubs), les 7 et 8 avril prochains, pour intervenir devant collégiens, lycéens et parents sur le bon usage des nouvelles technologies

Les 7 et 8 avril 2016, je serai à Besançon (Doubs), à l’invitation de la direction d’un ensemble scolaire pour  :
• intervenir en deux fois devant tous les élèves de sixième de cet établissement, sur le thème du bon usage des nouvelles technologies ;
 
•  donner deux conférences aux lycéens de seconde sur les nouvelles technologies ;
• parler le jeudi soir aux parents d’élèves sur le thème : « Aider nos enfants à faire bon usage des nouvelles technologies et des réseaux sociaux ».

 

Apprendre aux enfants à déjouer les pièges des applications et des sites Web « addictifs »

Connaissez-vous l’application Wishbone, pour smartphones ? Elle permet de réaliser des mini-sondages, photos à l’appui, et de les envoyer à ses amis : préfères-tu cette robe sur cette actrice ou sur celle-ci ? tu préfères les chips classiques ou les chips mexicaines ? etc.

 

En quelques mois, cette application a déjà séduit trois millions d’Américains, essentiellement des jeunes filles de 13 à 20 ans. Certaines se réveillent même la nuit pour vérifier leur popularité sur ce nouveau réseau social…

 

Les concepteurs de cette application sont partis d’un constat très simple : aux Etats-Unis, les 13-20 ans passeraient pas loin de 6 heures par jour sur leur téléphone (en France, les 16-30 ans ne restent « que » 2,2 heures par jour sur leur téléphone), dont « seulement » 2 heures sur des applications.

 

Ils se sont dit qu’ils pouvaient augmenter cette proportion avec une application utilisant une vieille astuce, mise au point par les sites Web pour retenir le plus longtemps possible leurs visiteurs : les sondages. Les Internautes en raffolent. Ils sont en effet prêts à consacrer beaucoup de temps à répondre à des questions fermées à choix binaire et voir s’ils ont « gagné », c’est-à-dire s’ils ont voté comme la majorité des personnes.

 

Et pour ferrer ces adolescents et ces jeunes adultes, les concepteurs de Wishbone emploient une autre technique, tout aussi « addictive »  : ils leur envoient une « push notification », une alerte qui s’affiche sur l’écran de leur téléphone, même si celui-ci est en veille, dès qu’un de leurs amis a répondu à un de leurs sondages ou a créé le sien.

 

En moyenne, les abonnés de Wishbone reçoivent ainsi dix notifications quotidiennes, mais certains sont invités à se connecter jusqu’à 100 fois par jour ! Pas étonnant, dans ces conditions, que quelques jeunes filles se relèvent au milieu de la nuit !

 

Wishbone, bien sûr, constitue un exemple extrême. Mais il est révélateur de l’objectif poursuivi par la plupart des services disponibles sur les smartphones : capter notre attention pour nous inviter à venir sur leur site ou à ouvrir leur application, nous y faire passer le plus temps possible, ce qui leur permet de nous exposer plusieurs fois à des publicités… (lire l’article que j’ai publié sur ce sujet dans le quotidien Les Echos la semaine dernière : Peut-on nous rendre plus accro au Web ?).
 
 
Voilà un des pièges que nous devrions expliquer, nous parents, à nos enfants avant de leur offrir un smartphone. Sinon, ils risquent de se faire manger tout crûs par ces machines, fabuleuses, mais dévoreuses de temps, si l’on n’a pas acquis quelques réflexes salvateurs avant de s’en servir.

 

Faut-il faire passer un permis de smartphone aux enfants, pourrions-nous nous demander, en étant un brin provocateur ?
 
Encore plus provocateur : ne faudrait-il pas d’abord faire passer aux parents un « permis de donner un smartphone à son enfant » ? Avant de l’obtenir, les parents devraient suivre une petite formation attirant leur attention, entre autres, sur les stratégies mises en place par les acteurs du numérique pour rendre petits et grands « accros » à leur smartphone ?

 

Cette sensibilisation à cette politique de l’« addiction by design » (comment concevoir, dès le départ, un produit, un service ou une application qui rendra « addict »…) est en tout cas un des objectifs que je poursuivrai en 2016 au cours de mes conférences devant les enfants et les adultes.

 

Jacques Henno

 

Facebook : la CNIL inflige un camouflet à son équivalent irlandais

COUV_PREDATEURS_VALLEE_130x200_BAT_2Dès mai 2012, j’avais signalé à la CNIL que Facebook collectait des données sensibles (opinion politique, religion, pratiques sexuelles…) en toute illégalité. En réalité, à travers Facebook, c’est l’équivalent irlandais de la CNIL qui semble visé. Quelques jours après qu’Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la CNIL, ait été réélue à la tête du G29, le groupe de travail qui rassemble les CNIL européennes…

La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a, hier, publiquement mis en demeure Facebook de se conformer à la loi Informatique et Libertés.

La CNIL a relevé  cinq manquements à la législation française : 

• grâce à des cookies, le réseau social est capable de « suivre la navigation des internautes, à leur insu, sur des sites tiers [contenant un bouton Facebook même si ces Internautes] ne disposent pas de compte Facebook ». 

• Facebook dépose sur l’ordinateur des internautes des cookies à finalité publicitaire, sans les en avoir au préalable correctement informés ni avoir recueilli leur consentement.

• pour mieux connaître les centres d’intérêt de ses membres et leur afficher de la publicité ciblée, le réseau social « procède à la combinaison de toutes les données personnelles qu’il détient sur eux, [qu’elles soient] fournies par les internautes eux-mêmes, collectées par le site, par les autres sociétés du groupe ou transmises par des partenaires commerciaux. » Mais les Internautes ne peuvent pas s’opposer à cette regroupement de données.

• le site « transfère les données personnelles de ses membres aux Etats-Unis sur la base du Safe harbor », ce qui n’est plus possible depuis octobre 2015.

• Enfin, Facebook « ne recueille pas le consentement exprès des internautes lors de la collecte et du traitement des données relatives à leurs opinions politiques, ou religieuses, et à leur orientation sexuelle. » 

Je suis étonné que la CNIL ne s’attaque à ce dernier problème que maintenant. En effet, dès mai 2012, j’avais signalé à la CNIL que Facebook collectait des données sensibles (opinion politique, religion, pratiques sexuelles…) en toute illégalité : « Facebook permet aux annonceurs de cibler les Internautes en fonction de leurs centres d’intérêt – déclarés ou supposés – pour certaines pratiques sexuelles ou pour la drogue. »

Contactée à l’époque, Sophie Nerbonne, directeur adjoint des affaires juridiques de la CNIL, m’avait alors confirmé qu’ «il s’agit d’une utilisation de données sensibles à des fins publicitaires. L’accord préalable des internautes à l’utilisation de ces données aurait dû être recueilli par Facebook. Et le réseau social ne peut pas s’abriter derrière les conditions générales d’utilisation que doit approuver tout nouvel Internaute qui s’inscrit à ses services : ce document ne peut pas suffire pour recueillir le consentement préalable à l’utilisation de données sensibles.»

Pourquoi a-t-il fallu attendre près de quatre ans pour que la CNIL réagisse ?

Le siège social de Facebook Europe étant en Ireland, c’est « the Office of the Data Protection Commissioner », l’équivalent irlandais de la CNIL, qui est plus particulièrement chargé du dossier Facebook. En mai 2012, j’avais d’ailleurs transmis à cet organisme les mêmes remarques qu’à la CNIL. Il s’en était suivi un long échange de mails avec the Office of the Data Protection Commissioner, échange qui s’était achevé en mars 2014 par un dernier message où je demandé aux représentants du Commissioner pourquoi la CNIL irlandaise était aussi indulgente avec le réseau social et quelles sanctions étaient prévues si celui-ci ne se respectait pas leurs demandes… 

En désespoir de cause, j’avais transmis tous ces documents à la CNIL française.

La mise en demeure de Facebook par la CNIL française constitue donc un sérieux camouflet pour le  Data Protection Commissioner irlandais, qui est, normalement, en charge de ce dossier.

Sollicité par courrier électronique, le  Data Protection Commissioner irlandais m’a répondu qu’il « n’avait pas de commentaire à faire sur cette affaire. »

J’ai publié ce matin dans le quotidien Les Echos un article sur « Peut-on nous rendre plus accro au Web ? »

Sites Web et applications pour smartphones rivalisent d’astuces pour accroître leur trafic en nous rendant dépendants. Des pratiques qui commencent à être montrées du doigt.

CaptureLesEchos2016-02-02Le temps, c’est de la publicité…  Pour pouvoir gagner de l’argent en exposant leurs visiteurs à de la publicité, toutes les marques et tous les concepteurs de site ou d’appli souhaitent garder ces derniers le plus longtemps possible  ou les faire revenir le plus souvent. Comment monter sur le podium ? Dans la Silicon Valley, la réponse est simple : il faut rendre les internautes « accros ». Un consultant, Nir Eyal, a même théorisé cette approche dans un livre, « Hooked : How to Build Habit-Forming Products » (Penguin, 2014). Nir Eyal est également un des créateurs de l’Habit Summit (Sommet sur la dépendance), dont la 3eédition se tiendra le 22 mars à l’université Stanford…

Pour lire la suite de cet article : Peut-on nous rendre plus accro au Web ?

Cet article comporte également un encadré sur deux initiatives américaines pour nous faire prendre conscience de notre « addiction » au Web ou aux applis : Ils veulent réduire la dépendance des internautes