Comment les réseaux sociaux peuvent restreindre la liberté d’expression et l’ouverture d’esprit des adolescents

Les réseaux sociaux sont le premier moyen d’information des
jeunes, utilisés quotidiennement par 71% d’entre eux (1). Or la recherche du
profit, l’absence de règles précises de modération et la part de marché
prépondérante dont jouit le groupe Facebook  peuvent amener les Instagram et autres Twitter
à proposer un contenu moins riche qu’il ne pourrait l’être.
Comme
toutes les entreprises soumises aux lois du marché et en particulier au cours
de Bourse, les GAFAM  – et à travers
Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, on désigne toutes les entreprises
high-tech du monde – poursuivent un seul objectif : engranger le plus de
bénéfice possible. Pour optimiser leurs profits, les réseaux sociaux jouent
principalement sur les publicités que nous voyons. Pour pouvoir nous montrer le
plus de pubs possibles, ils doivent retenir notre attention afin que nous passions
toujours plus de temps sur ces plateformes. Pour retenir notre attention, elles
doivent nous proposer des contenus qui nous intéressent. Les algorithmes de
Facebook, Twitter ou Instagram vont donc avoir tendance à nous montrer les
publications les plus populaires, les plus sensationnelles ou les plus
susceptibles de nous intéresser en fonction de ce que nous avons déjà vu (effet
entonnoir). In fine, tout cela restreint, malheureusement, la richesse du
contenu proposé par les réseaux sociaux aux adolescents et leur ouverture d’esprit.
À
cet effet entonnoir s’ajoutent les conséquences des politiques de modération menées
par ces plateformes. D’une façon générale, la modération des contenus publiés
sur le Web est une tâche extrêmement compliquée, qui met à rude épreuve les opérateurs
qui en sont chargés et dans laquelle les moteurs de recherche et les réseaux
sociaux ont un rôle ambigu. Un travail compliqué ?  Si tout le monde est d’accord sur les grandes
règles de la modération qui reposent sur quelques grands principes intangibles  – on ne peut pas, par exemple, laisser libre
cours à la haine ou aux propos racistes 
-, il est parfois difficile de définir précisément de tels propos. De
plus, la société évolue constamment : ce qui était toléré hier pourra être mal
vu demain. Sur le plan humain, visionner des vidéos ou des textes nauséabonds
est un travail très éprouvant psychologiquement dont les plateformes se
déchargent souvent auprès de sous-traitants employant parfois un personnel mal
formé et sous-payé. Enfin, le rôle des réseaux sociaux dans ce domaine est
ambiguë car il a été mal fixé dès le départ. La plupart des plateformes étant
américaines, elle se réfèrent à une loi américaine, la Section 230 du Communications Decency
Act, qui remonte à 1996 : les intermédiaires comme les réseaux sociaux ne sont
pas responsables des contenus qui y sont publiés par des tiers, ils ne sont pas
obligés de les modérer (sauf si des contenus interdits leurs sont signalés),
mais s’ils modèrent, ils peuvent le faire comme ils veulent. On ne peut pas
accuser les réseaux sociaux de se servir de leurs politiques de modération pour
censurer la liberté d’expression. Je pense plutôt que, dans ce domaine, ils
font – mal – avec les moyens du bord.
Enfin, rappelons que Facebook
concentre à lui tout seul quatre réseaux sociaux : Facebook, bien sûr, mais également
Messenger, WhatsApp et Instagram. Depuis quelques mois, on voit une intégration
de plus en plus poussée d’Instagram à Facebook : un utilisateur qui possède un
compte chez Instagram et Facebook, peut automatiquement publier son contenu
Instagram sur Facebook. Les deux réseaux ne sont donc plus concurrents et
proposent de plus en plus de publications identiques, ce qui limite le choix des
contenus.
Source
:
(1)        
étude « les jeunes et l’information » réalisée par Médiamétrie
pour le ministère de la Culture de septembre 2017 à mars 2018 https://www.culture.gouv.fr/media/presse/fichiers/2018/synthese-de-l-etude-les-jeunes-et-l-information

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