Je suis intervenu vendredi 17 juillet 2015 dans le journal de 22 H de BFM, présenté par Dorothée Balsan et Fabien Crombé, pour parler des réseaux sociaux au cœur du recrutement des jihadistes.
Ce phénomène commence à être relativement bien documenté*.
Il existe bien sûr plusieurs scénarios.
En voici un, très rapidement résumé ici :
- Un adolescent, un jeune adulte, garçon ou fille, indécis dans ses choix de vie et pas très structuré, commence à mener des recherches sur Internet sur le sens de la vie.
- Il va rapidement tomber sur des sites qui n’encouragent pas un raisonnement méthodique et scientifique.
- Là, on va lui parler de la théorie du complot ou de sociétés secrètes qui contrôleraient le monde.
- S’il est dépourvu d’esprit critique, il va juger ces thèmes intéressants, poursuivre ses recherches et finir par entrer en contact, sur des forums de discussions ou des réseaux sociaux, avec des interlocuteurs adeptes d’une forme quelconque de pensée extrême.
- S’il tombe sur des jihadistes, ceux-ici vont lui donner leur solution à tous ses problèmes :
- ne plus faire confiance à quiconque, et surtout pas aux représentants des médias (pour ces extrémistes, il faut donc cesser d’écouter la radio, la télévision, la musique, ce qui va encore plus enfermer le jeune qu’ils tentent de recruter dans une bulle « extrémiste » et le rendre ainsi encore plus vulnérable à leur discours) ;
- et, toujours selon ces extrémistes, seule une conversion à l’islam radical, puis le départ pour le « djihad » permettront à ce jeune de donner un sens à sa vie en sauvant le monde…
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* voir, par exemple, :
– dans le rapport L’Emprise mentale au cœur de la dérive sectaire que la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a publié en avril 2015, l’article que le sociologue Gérald
Bronner a consacré à Internet, un outil qui combine diffusion de la connaissance et liberté d’expression, mais qui peut induire dans certains cas crédulité et aliénation : Métamorphose du croire
radical : pourquoi Internet
peut-il être un incubateur
de la pensée extrême ?
– le site du gouvernement français Stop-djihadisme.gouv.fr
– le livre que Dounia Bouzar, anthropologue et directrice de l’association CPDSI (Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l’Islam), a consacré à de jeunes Français partis faire le djihad en Syrie : « Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer » (2014, Les éditions de l’Atelier, Paris, 176 pages, 16,00 €)