Pedagojeux.fr invite les parents à mieux appréhender les jeux vidéo

C’est le premier portail fédérateur : pouvoirs publics, groupes industriels comme Microsoft, organismes de protection de l’enfance et scientifiques.

“Le temps du jeu”, “La violence et le jeu”, “La dépendance présumée au jeu”… Voici quelques-uns des thèmes abordés par  Pedagojeux.fr, le nouveau site d’information sur les jeux vidéo destiné aux familles. Il a été inauguré en début de semaine par Eric Besson, secrétaire d’état chargé du Développement de l’Economie Numérique, Nadine Morano, secrétaire d’état chargée de la Famille (représentée par Olivier Peraldi, de la délégation interministérielle à la Famille), François Fondard, président de l’Union Nationale des Associations Familiales (Unaf), Jean-Claude Larue, délégué général du Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (Sell), et Isabelle Falque-Pierrotin, présidente du Forum des Droits sur l’Internet.

Pedagojeux.fr est né d’une recommandation figurant dans le rapport que le FDI avait publié en novembre 2007 sur les jeux vidéo en ligne. “Nous proposions de mettre en place un site d’information et de vulgarisation sur les jeux vidéo en ligne permettant d’accompagner les parents dans la découverte du jeu vidéo, de ses conséquences et de ses atouts, explique Laurent Baup, juriste et chargé de mission au Forum. Cette recommandation a été reprise par les pouvoirs publics, c’est-à-dire par la DIF et la DUI, la Délégation aux Usages de l’Internet.” Le projet a même été élargi à l’ensemble des jeux vidéo.

“Le budget total est d’environ 40 000 euros, précise Laurent Baup. Chaque partenaire y a contribué à hauteur de ses moyens.” Le résultat est original. L’ergonomie du site est agréable et la navigation aisée grâce à six onglets (”Sujets sensibles”, “Jeu et rapports sociaux”, “Bien choisir son jeu”,  “Équipements”, “Aspects financiers”, “Droits et devoirs”) et grâce à un moteur de recherche efficace.

Mais il est vrai que le site ne comprend pour l’instant que 75 000 signes soit l’équivalent de 16 articles (comme celui que vous êtes en train de lire) : la partie classification des jeux renvoie directement au site de  Pegi – Pan European Game Information. Le véritable tour de force réside dans le consensus et les précautions qui ont dû être imaginés pour rédiger des textes qui plaisent à des partenaires aux intérêts aussi divergents que, a priori, le Sell ou Bayard Jeunesse.

Des scientifiques apportent leur caution

Pendant neuf mois, un comité de pilotage, composé de la DIF, du programme Internet sans Crainte (soutenu par la Communauté Européenne), du FDI, de l’Unaf, de l’association Action Innocence, du Sell, de [3] Microsoft, de Bayard Jeunesse et de Jeuxonline, s’est réunit.

Une poignée de scientifiques a été consultée pour la réalisation du site ou a directement contribué. C’est le cas du docteur Marc Valleur (psychiatre, médecin chef de l’[4] Hôpital Marmottan, spécialisé dans le traitement des addictions), de Michaël Stora (psychologue, psychanalyste, co-fondateur de l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines), et du professeur Jeffrey H. Goldstein (qui enseigne en Hollande et qui a publié plusieurs ouvrages sur les jeux vidéo… ).

Michaël Stora a ainsi été interrogé pour la page consacrée à “L’impact du jeu sur la psychologie de mon enfant”, tandis que Marc Valleur a rédigé l’article sur “La dépendance présumée au jeu”.

Jeux vidéo et violence : une cause à effet ?

Le nodule sur “La violence et le jeu” explique ainsi que “[… ] À la suite de quelques faits divers ressurgit régulièrement l’idée que les jeux vidéo ont un impact sur le comportement violent de certains joueurs. Pourtant, aucun consensus scientifique ne permet aujourd’hui d’établir la véracité de cette allégation [… ]“

Sur le même sujet, Michaël Stora précise : “[… ] il est vrai que, par essence, le jeu vidéo est un espace d’émergence des pulsions agressives. Mais cela doit sans doute être vu comme un moyen pour l’enfant de supporter les frustrations et les tensions accumulées dans la journée [… ]“. Par ailleurs, ce psychologue et psychanalyste ne cache pas, lors des colloques auxquels il participe, qu’il souhaite poursuivre ses études sur ce sujet : “Nous voulons savoir si les jeux vidéo violents favorisent la violence, les passages à l’acte.”

Parfois, les textes ne sont pas à la portée d’un très large public : “[… ] À la différence des toxicomanies, il n’y a pas en effet ici [NDLR : dans les jeux vidéo] de prise de risque réelle, de mise en danger consciente, de dimension “ordalique” [… ]“, écrit ainsi Marc Valleur au sujet du risque d’addiction aux jeux vidéo. D’après Le Petit Larousse, l’ordalie est une “épreuve judiciaire en usage au Moyen-Age sous le nom de jugement de Dieu : ordalie de l’eau, du fer chaud” – comprenne qui pourra ! En fait, dans ce contexte “psy”, la “dimension ordalique” signifie “une prise de risque inconsidérée, avec, parfois, une dimension suicidaire”.

Au final, cette première version de Pedagojeux.fr constitue indéniablement une étape très intéressante dans la mise au point d’un outil de sensibilisation des parents à toutes les questions que soulèvent encore les jeux vidéo en France.

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