L’usine de Sellafield (Grande-Bretagne) au centre de plusieurs polémiques

C’est à Sellafield, ouvert en 1947, qu’a été fabriqué le plutonium indispensable à la bombe atomique dont le Royaume-Uni voulait se doter. En 1957 s’y est produit un des accidents les plus graves de l’histoire du nucléaire : l’incendie de la « pile » de Windscale. Aujourd’hui, l’endroit comporte des réacteurs nucléaires pour produire de l’électricité, plusieurs usines de retraitement, des entrepôts de déchets et une unité de fabrication de Mox qui n’a jamais vraiment donné satisfaction (le Mox est un combustible nucléaire mélangeant plutonium et uranium ; il permet de recycler le plutonium que l’on trouve dans les barres d’uranium irradiées dans les centrales nucléaires).
Premier problème : le « nettoyage » de la radioactivité énorme que recèle Sellafield, et celle d’une quinzaine d’autres implantations nucléaires anglaises, va coûter très cher aux Britanniques. La NDA (Nuclear Decommissioning Authority) estime ce coût à 92 milliards d’euros (source Le Monde du 28 avril 2008 : Le passé atomique du Royaume-Uni pèse sur la relance de sa filière nucléaire).
Autre sujet de polémique : l’usine de fabrication de Mox installée à Sellafield ne fonctionnant pas correctement, le plutonium produit par les divers réacteurs de ce complexe géant doit être envoyé en France pour être transformé en Mox. Greenpeace et l’association anglaise Core ont révélé que la France importait discrètement du plutonium anglais (source : le Monde du 21 mai 2008 : La France importe du plutonium anglais en toute discrétion)
La Grande-Bretagne et la France voulaient transporter secrètement, entre Sellafield et La Hague, du plutonium, une matière extrêmement toxique. Le plutonium doit être reconditionné à La Hague avant d’être traité ailleurs, sans doute à Marcoule, dans le Gard.
Enfin, un organisme français, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), a récemment publié un rapport rappelant qu’un nombre accru de leucémies infantiles avait été décelé à proximité de Sellafield. « En 1984, a été décrit le premier agrégat de cas de leucémies chez les enfants habitant à Seascale, ville située à proximité de l’usine de retraitement de combustibles irradiés de Sellafield (…) dans le West Cumbria en Angleterre, détaillent les auteurs de cette étude. Entre 1955 et 1984, 5 cas y ont été enregistrés chez des jeunes de moins de 25 ans, là où moins d’un cas était attendu. Ce résultat était statistiquement significatif, avec moins d’une chance sur mille de conclure à tort (…). Plus récemment, l’analyse de l’incidence des cas de leucémies survenus entre 1969 et 1993 chez les enfants de moins de 15 ans, dans un rayon de 25 km autour de Sellafield, a permis de conclure à un excès significatif (…) pour toute cette zone, sans que ce résultat ne soit confirmé chez les enfants de moins de 5 ans (…) » Pour les auteurs de cette étude, « L’hypothèse la plus plausible, avancée aujourd’hui, pour expliquer l’agrégat de Seascale est celle d’un risque lié au brassage de
population (…). » Mais pour les opposants à l’énergie nucléaire, c’est bien l’activité même de Sellafield et la radioactivité qu’elle dégage qui sont à l’origine de ces leucémies.

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