Le siège de l’AIEA, à Vienne, en Autriche


L’AIEA (l’Agence Internationale de l’Energie Atomique – ci-contre son siège à Vienne, en Autriche ; cliquez sur la photo ou ici pour l’agrandir) est une agence de l’ONU, installée en Autriche chargée de faire respecter le TNP. Ce « Traité de Non-Prolifération » est censé empêcher les pays signataires de développer un programme nucléaire militaire. Signé en 1968 par 136 pays et entré en vigueur en 1970, le TNP est à double détente. D’abord, il interdit aux cinq détenteurs officiels de l’arme nucléaire – en 1970, les Etats-Unis, l’URSS (la Russie aujourd’hui), le Royaume-Uni, la Chine, et la France – de transmettre leurs connaissances militaires aux autres nations. Ensuite, le TNP contraint les Etats Non Dotés d’Armes Nucléaires (les « Endan ») à promettre de ne pas vouloir acquérir la bombe. En échange, ces pays bénéficient d’un accès privilégié au nucléaire civil.
Théoriquement, chaque signataire du TNP doit déclarer et placer sous le contrôle de l’agence de Vienne l’intégralité de ses installations. Y compris, au gramme près, toutes ses matières nucléaires : uranium, plutonium, thorium… 923 sites sont actuellement surveillés par l’agence et ses 250 inspecteurs. Tout ce qui peut être directement utilisé pour fabriquer une bombe, comme l’uranium hautement enrichi ou le plutonium, est inspecté tous les mois ; le reste l’est tous les trois mois (combustible irradié dans un réacteur) ou chaque année (stock d’uranium naturel).
La fréquence des inspections de l’AIEA est déterminée par le profil (« à risque », « pas à risque ») du pays : pas moins de 300 paramètres (cet état possède-t-il des mines d’uranium ? des installations pour stocker les déchets après retraitement du plutonium ?) sont examinés pour savoir à quel stade de la filière militaire il se trouve. Cette liste de critères est mise à jour au moins une fois par an.
Les inspections sont soigneusement préparées. Le service documentation de l’AIEA passe au peigne fin informatique plus de 40 000 sources d’information (Internet, les revues spécialisées, les comptes-rendus de colloques, les catalogues des foires industrielles …), provenant de 118 pays et rédigées en 22 langues. Des logiciels de « fouille de données  » tentent déjà de dénicher le moindre indice suspect, par exemple, la rédaction d’un rapport sur la centrifugation par des universitaires sud-coréens.
Une fois repéré un pays potentiellement proliférateur, il faut identifier des installations suspectes. C’est le rôle des satellites et de la surveillance de l’atmosphère. L’agence recourt à l’imagerie satellitaire pour préparer ses inspections. Elle achète les clichés pris par deux des meilleurs satellites photo commerciaux, Ikonos et QuickBird, dont les résolutions sont respectivement d’1 m et de 0,60 m.
Ces clichés peuvent faire l’objet d’un traitement particulier. En 2005, l’AIEA a commandé au département « renseignements d’origine géospatiale » d’EADS Defence & Security, des animations représentant les installations nucléaires que la Corée du Nord possède à Yongbyon (coût de ces travaux : 25 000 euros). Avant de se rendre sur place, les inspecteurs de l’AIEA ont méticuleusement étudié ces vidéos ; une fois sur le terrain, ils se sont repérés plus facilement.
Ci-dessous une photo satellite et des vue, tirées d’une animation réalisée pour l’AIEA, d’un réacteur de recherche de 5 mégawatts, installé à Yongbyon (on aperçoit également la tour de refroidissement et le bâtiment où est stocké le combustible nucléaire usagé). Ce réacteur a été fourni à la Corée du Nord en 1965 par Moscou (copyright photo : « EADS Defence and Security – Geo-Intelligence Department »).

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