Walter Bender (Sugar Labs) : "Je ne connais pas de meilleur outil pour apprendre que l’ordinateur"

Lors du Netbook World Summit qui s’est tenu à Paris, beaucoup d’intervenants ont souligné le rôle positif que ce type d’ordinateurs pouvaient jouer à l’école.

Les netbooks constituent-ils le support idéal pour suppléer au manque de structure éducative dans les pays en voie de développement ? La question maintes fois posée – on le sait, plusieurs initiatives (OLPC – One Laptop Per Child – Classmate PC d’Intel…) visent à fournir des ordinateurs de ce type aux enfants d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie – a été de nouveau au centre du Netbook World Summit, qui s’est tenu en début de semaine à la Maison de la Chimie, à Paris. Il est vrai qu’un tel marché méritait bien une conférence aux ambitions mondiales, comme celle-ci : selon le cabinet d’études américain Gartner, quelque 5,2 millions de netbooks, ces mini-ordinateurs conçus pour des besoins bureautiques simples (traitement de texte, tableur, mails, surf sur Internet…), devraient être commercialisés cette année. Et leurs ventes devraient atteindre 8 millions d’unités l’an prochain et – toujours selon Gartner – 50 millions en 2012. Organisé dans le cadre de l’Open World Forum, le Netbook World Summit a été inauguré par Hervé Yahi, nommé il y a trois semaines patron de Mandriva. Après avoir rappelé que son entreprise espérait bien, avec son Mandriva Mini (une solution Linux pour netbook), conquérir une partie de ce segment, Hervé Yahi a distingué deux sous marchés. Selon lui, les utilisateurs de netbooks appartiennent à deux grandes familles : d’un côté les accros à l’informatique qui achètent un netbook comme second ordinateur portable, pour pouvoir l’emporter partout avec eux ; et de l’autre, ceux qui ne connaissent rien à l’informatique et que les netbooks permettent de s’initier au travail sur ordinateur et à Internet.
Une partie des conférences organisées pendant ce Netbook World Summit s’est ensuite concentrée sur cette seconde catégorie d’utilisateurs potentiels et en particulier sur les enfants. Bastien Guerry, chef de projet chez OLPC (dont on peut acheter le XO sur Amazon.co.uk) et Patrick Ferran, directeur de Gdium (un netbook pour collégiens et lycéens fabriqué par EMTEC, une filiale de Dexxon Data Media), entre autres, étaient présents. Mais surtout, la conférence a été marquée par l’intervention de Walter Bender, chercheur au MIT et directeur général de Sugar Labs, une organisation qui propose gratuitement (en licence GPL) Sugar, la plate-forme éducative du XO destinée aux jeunes enfants et tournant sous Linux. Bras droit de Nicholas Negroponte au sein du projet OLPC, Walter Bender avait démissionné en avril dernier. En mai, il avait lancé Sugar Labs, pour « donner de l’air » à Sugar, avait-il expliqué à l’époque.
Paraphrasant Alan Kay, un autre informaticien américain passionné par l’éducation, Bastien Guerry (OLPC) a rappelé que l’ordinateur n’est rien tout seul, mais qu’il peut être un formidable véhicule. « Il n’y a aucune magie dans un ordinateur, de même qu’il n’y a rien de magique dans un piano, a-t-il détaillé. Mais de même que le piano a joué un rôle très important dans la distribution, auprès de beaucoup de foyers, de la pratique musicale, l’ordinateur a démocratisé une certaine pratique de l’informatique. Et l’on peut dire que le netbook est à l’ordinateur domestique ce que la guitare est au piano : un instrument que vous pouvez emporter n’importe où avec vous. » Citant, lui, Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, Patrick Ferran (Gdium) a rappelé qu’il y avait en Afrique un milliard d’habitants, mais seulement 15 millions d’ordinateurs. « Les netbooks qui sont bon marché, robustes et connectés peuvent jouer un rôle très important dans l’éducation », a-t-il estimé.
Walter Bender, lui, a une ambition folle (« notre marché potentiel, c’est un milliard d’enfants dans le monde  » a-t-il indiqué) et… pas de moyen ! « Mon budget est de zéro, a-t-il révélé à Vnunet.fr, à qui il a accordé quelques minutes d’interview après son intervention. Sugar Labs fait appel au volontariat pour continuer à travailler sur la plate-forme éducative et à quelques sponsors pour financer les voyages de quelques volontaires afin que ces derniers puissent se rencontrer et échanger. » Malgré cela, plus de 600 000 enfants utilisent déjà Sugar dans un peu plus de trente pays, dont près des deux tiers en Amérique du Sud (à noter que beaucoup de ces enfants ont en fait accès à Sugar sur leur netbook XO de OLPC). Mise au point sous l’égide d’un comité pédagogique dont fit partie le célèbre mathématicien Seymour Papert, Sugar est une plate-forme qui permet aux enfants non seulement de « consommer » des nouvelles technologies (ils peuvent surfer sur le Web, lire, tchater, jouer à des activités multimédias, à des jeux…), mais aussi d’être acteurs (ils peuvent écrire, réfléchir, dessiner, écrire des programmes multimédias, partager…).
« Mon objectif est de faire apparaître une génération de penseurs critiques, grâce à la compréhension de la science, explique-t-il. Je veux donner aux enfants l’accès à une pédagogie de la découverte : se poser des questions est un art créatif. » Bref, Walter Bender croit qu’un notebook équipé de la plate-forme Sugar peut être pour chaque enfant l’occasion d’apprendre à apprendre, et ainsi, de conquérir son autonomie. « Je ne connais pas de meilleur outil pour apprendre que l’ordinateur », a-t-il conclu. Surtout, si c’est un netbook ?

Jacques Henno (article paru sur Vnunet.fr le 3 décembre 2008)

Longue traîne : premières études empiriques françaises

Deux chercheurs ont passé au crible les ventes de CD, de vidéos et de livres pour voir si le concept américain de « Longue traîne » était un mythe ou une réalité.

Il y avait foule, le 24 novembre dernier, à la Cantine, le lieu de rencontre géré par l’association Silicon Sentier à Paris : journalistes, cyber-entrepreneurs et représentants du monde culturel se pressaient pour participer au débat organisé par le Deps (Département des Etudes, de la Prospective et des Statistiques du ministère de la Culture et de la Communication) et la Fing (Fondation Internet Nouvelle Génération) dans le cadre de la présentation des résultats d’une étude française sur le concept de « long tail ».
Il est vrai que la « long tail » (que l’on traduit en français par « longue traîne ») excite les esprits depuis son invention en 2004 par le rédacteur en chef du magazine Wired, Chris Anderson. Celui-ci en a même tiré un livre (« The long Tail », Hyperion, 2006), où il détaille sa théorie : le coût quasi nul du stockage des contenus numériques devrait élargir considérablement les choix proposés aux consommateurs et favoriser la vente d’œuvres tombées dans l’oubli, ou de créations peu connues du grand public, mais appréciées de quelques spécialistes. D’un point de vue économique, il estime même que quelques ventes d’un très grand nombre de ces produits peu connus pourraient représenter un marché aussi important que celui des très importantes ventes réalisées par quelques best-sellers. Ce que quelques-uns ont résumé d’une méchante formule : « si le XXème siècle a été le marché des hits, le XXIème siècle sera le marché des bides. »
S’agit-il d’un rêve ? « Nous aimerions tous que la longue traîne existe et qu’elle produise les effets annoncés par Chris Anderson, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fing. Mais c’est tellement intéressant que beaucoup de gens se sont demandé si c’était vrai ? » Or, malheureusement, peut-être moins d’une dizaine de chercheurs à travers le monde ont tenté de vérifier empiriquement la théorie de Chris Anderson. Citons, entre autres, Erik Brynjolfsson, au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et Anita Elberse, à Harvard.
Les résultats de l’étude menée par Pierre-Jean Benghozi, directeur de recherche au CNRS et professeur à Polytechnique, et Françoise Benhamou, économiste, professeur à Paris XIII et chercheur au CEPN (Centre d’Economie de Paris Nord) étaient donc très attendus. De leurs examens des ventes de livres, de CD et de vidéo, ils ont tiré trois conclusions principales. Premièrement, sur Internet, il existe bien un lien assez fort entre les hits et la longue traîne (plus il y a de best-sellers, plus on peut proposer de produits dans la longue traîne) ; du coup, ce sont les produits du milieu (ni hits, ni bides) qui souffrent le plus. Deuxièmement, il existe plusieurs types de longue traîne, selon les produits et les périodes de l’année. « Par exemple, à Noël, l’effet longue traîne est atténué par le mode de sélection des produits opéré par les consommateurs à ce moment de l’année, détaille Pierre-Jean Benghozi. A Noël, il s’agit surtout d’offrir des cadeaux : les acheteurs, ne connaissant pas les goûts des personnes à qui ils vont faire des présents, se focalisent sur les hits, pour ne pas prendre de risque. » Enfin, l’effet longue traîne doit être provoqué, en particuliers grâce aux « mécanismes des sites en ligne affichant, pour un titre donné, les titres similaires choisis par les internautes » (ce sont par exemple, les fameuses recommandations d’Amazon : « Les clients ayant acheté cet article ont également acheté… »).
Un sérieux bémol, cependant, à la validité des résultats de cette étude : elle n’a porté que sur la vente de biens matériels (« vrais » disques, « vrais » livres, « vrais » DVD…) et non pas sur la vente de biens dématérialisés. Or, dans le livre de Chris Anderson, il est clair que la longue traîne ne portera vraiment ses fruits que dans une économie entièrement numérique.
« Il est évident que cette étude est à la charnière entre deux mondes : le monde physique et le monde numérique », reconnaît Philippe Chantepie, chef du Deps. « Avec ce genre d’études, on est juste en train d’ouvrir la boîte noire de la longue traîne », résume Daniel Kaplan.
Et les professionnels, qu’en pensent-ils ? « Faute de temps, je n’ai pas pu assister à la présentation des résultats de cette étude, mais la longue traîne est un concept que je suis depuis ses débuts, commente Pierre Gérard, co-fondateur, en janvier 2005, de Jamendo.com (dans lequel le fonds d’investissement Mangrove Capital Partner a pris une participation), un site de musiques « libres, légales et illimitées », proposées par des auteurs talentueux, mais inconnus. Il est clair que la numérisation et Internet permettent de monétiser des contenus qui ne pouvaient pas l’être auparavant. Mais pour les auteurs et les créateurs qui sont dans la longue traîne, celle-ci ne fournira jamais que des revenus complémentaires : la queue de la comète, ce sont beaucoup de petits revenus… » Et comment Jamendo peut-il en vivre ? « Nous voulons essayer d’intégrer ces musiques dans des compilations qui seront vendues sous formes de flux professionnels : musiques pour salles d’attente, restaurants, cafés… »
En cela, Jamendo rejoindrait une des autres conclusions de l’étude française sur la « long tail » : « Le concept marche mieux si on ne cherche pas à vendre des titres à l’unité, mais si on les propose dans une offre globale, sous forme d’abonnements ou de forfaits », acquiesce Pierre-Jean Benghozi. Au moins, sur ce point, praticiens et théoriciens de la longue traîne se rejoignent.

Jacques Henno (article paru sur Vnunet.fr le 4 décembre 2008)

Je serai ce soir à Metz, pour expliquer "Comment aider nos enfants à grandir avec les nouvelles technologies"

Je serai ce soir à Metz, pour expliquer « Comment aider nos enfants à grandir avec les nouvelles technologies », à la salle des conférences de l’UDAF, 1 avenue Leclerc de Hautcloque, à l’invitation des Associations Familiales Catholiques de Moselle, en partenariat avec l’UDAF (Union Départementale des Associations Familiales) de Moselle.

Longue traîne : deux chercheurs français ont décortiqué le concept

Pierre-Jean Benghozi (CNRS) et Françoise Benhamou (CEPN) ont re-visité de manière empirique le concept de « Longue traîne ». Mythe ou réalité ?

Il y avait foule le 24 novembre à la Cantine, le lieu de rencontres IT géré par l’association Silicon Sentier à Paris. Journalistes, Net-entrepreneurs et représentants du monde culturel se pressaient pour participer au débat organisé par le Département des Etudes, de la Prospective et des Statistiques (Deps) du ministère de la Culture et de la Communication et la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing) dans le cadre de la présentation des résultats d’une étude française sur le concept de “long tail”.

Il est vrai que la “long tail” (que l’on traduit en français par “longue traîne”) excite les esprits depuis l’invention de ce concept en 2004 par Chris Anderson, rédacteur en chef du magazine Wired. Celui-ci en a même tiré un ouvrage devenu célèbre : The Long Tail [1] (Google France avait organisé une table ronde lors de la sortie du livre en français à la mi-2007).

Quels sont les principaux paradigmes ? Le coût quasi-nul du [2] stockage des contenus numériques devrait élargir considérablement les choix proposés aux consommateurs et favoriser la vente d’oeuvres tombées dans l’oubli, ou de créations peu connues du grand public mais appréciées de quelques spécialistes.

D’un point de vue économique, il estime même que quelques ventes d’un très grand nombre de ces produits peu connus pourraient représenter un marché aussi important que celui des très importantes ventes réalisées par quelques best-sellers. “Si le XXème siècle a été le marché des hits, le XXIème siècle sera le marché des bides”, pourrait-on gloser.

S’agit-il d’un rêve ? “Nous aimerions tous que la longue traîne existe et qu’elle produise les effets annoncés par Chris Anderson, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fing. Mais c’est tellement intéressant que beaucoup de gens se sont demandé si c’était vrai” .

Or, malheureusement, peut-être moins d’une dizaine de chercheurs à travers le monde ont tenté de vérifier empiriquement la théorie de Chris Anderson. Citons, entre autres, Erik Brynjolfsson au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Anita Elberse à Harvard.

Du coup, les résultats de l’étude ad hoc menée par Pierre-Jean Benghozi, directeur de recherche au CNRS et professeur à Polytechnique, et Françoise Benhamou, économiste, professeur à Paris XIII et chercheur au Centre d’Economie de Paris Nord (CEPN), étaient très attendus.

Plusieurs types de “longues traînes”

A partir de leur examen des ventes de livres, de CD et de vidéo, ils ont tiré trois enseignements principaux. Primo, sur Internet, il existe bien un lien assez fort entre les hits et la “longue traîne” (plus il y a de best-sellers, plus on peut proposer de produits dans “la longue traîne”).  Dans ce schéma, ce sont les produits du milieu (”ni hits, ni bides”) qui souffrent le plus.

Secundo, il existe plusieurs types de “longue traîne”, selon les produits et les périodes de l’année. “Par exemple, à Noël, l’effet longue traîne est atténué par le mode de sélection des produits opéré par les consommateurs à ce moment de l’année, détaille Pierre-Jean Benghozi. A Noël, il s’agit surtout d’offrir des cadeaux : les acheteurs, ne connaissant pas les goûts des personnes à qui ils vont faire des présents, se focalisent sur les hits, pour ne pas prendre de risque.”

(lire la suite page suivante)Enfin, l’effet “Longue traîne” doit être provoqué, en particulier grâce aux “mécanismes des sites en ligne affichant, pour un titre donné, les titres similaires choisis par les internautes”. Ce sont par exemple les fameuses recommandations d’[3] Amazon : “Les clients ayant acheté cet article ont également acheté… “.

Apportons néanmoins un sérieux bémol à la validité des résultats de cette étude : elle n’a porté que sur la vente de biens matériels (”vrais” disques, “vrais” livres, “vrais” DVD… ) et non pas sur la vente de biens dématérialisés. Or, dans le livre de Chris Anderson, il est clair  que la longue traîne ne portera vraiment ses fruits que dans une économie entièrement numérique.

“Il est évident que cette étude est à la charnière entre deux mondes : le monde physique et le monde numérique”, reconnaît Philippe Chantepie, chef du Deps. “Avec ce genre d’études, on est juste en train d’ouvrir la boîte noire de la longue traîne”, résume Daniel Kaplan.

Jamendo témoigne : la queue de la comète, ce sont des petits revenus

Et les professionnels, qu’en pensent-ils ? “Faute de temps, je n’ai pas pu assister à la présentation des résultats de cette étude, mais la longue traîne est un concept que je suis depuis ses débuts, commente Pierre Gérard, co-fondateur de Jamendo.com.

Créé en 2005, ce site de musiques “libres, légales et illimitées” permet à des auteurs talentueux mais inconnus de disposer d’une vitrine.[4] Il a bénéficié d’un premier tour de table avec Mangrove en juillet 2007.

“Il est clair que la numérisation et Internet permettent de monétiser des contenus qui ne pouvaient pas l’être auparavant. Mais, pour les auteurs et les créateurs qui sont dans la longue traîne, celle-ci ne fournira jamais que des revenus complémentaires : la queue de la comète, ce sont beaucoup de petits revenus… ” , déclare Pierre Gérard.

Comment Jamendo peut-il en vivre ? “Nous voulons essayer d’intégrer ces musiques dans des compilations qui seront vendues sous formes de flux professionnels : musiques pour salles d’attente, restaurants, cafés… “

En cela, Jamendo rejoindrait une des autres conclusions de l’étude française sur la “long tail” : “Le concept marche mieux si on ne cherche pas à vendre des titres à l’unité mais dans la cadre une offre globale, sous forme d’abonnements ou de forfaits”, acquiesce Pierre-Jean Benghozi. Au moins, sur ce point, praticiens et théoriciens de la “longue traîne” se rejoignent.

Je serai ce soir à Sarreguemines, pour expliquer "Comment aider nos enfants à grandir avec les nouvelles technologies"

Je serai ce soir à Sarreguemines, pour expliquer « Comment aider nos enfants à grandir avec les nouvelles technologies », à la salle des fêtes du lycée Jean de Pange, 16 rue du Lycée, à l’invitation de la PEEP (Fédération des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public), en partenariat avec les AFC (Associations Familiales Catholiques) de Moselle et l’UDAF (Union Départementale des Associations Familiales) de Moselle.

Netbook : un outil favorisant l’accès à la connaissance dans les pays pauvres

Lors du Netbook World Summit, des intervenants de Sugar Labs ou de l’OLPC ont souligné l’impact des ultra-portables dans les écoles du tiers monde.

Les netbooks constituent-ils le support idéal pour suppléer au manque de structure éducative dans les pays en voie de développement ? Plusieurs initiatives comme OLPC – One Laptop Per Child  ou Classmate PC d’[1] Intel visent à fournir des ordinateurs low cost aux enfants éduqués dans les pays les plus pauvres. Le Netbook World Summit, qui s’est tenu le 1er décembre à Paris dans le prolongement de l’Open World Forum, a permis de faire le point.

Il est vrai qu’un tel marché méritait bien une conférence aux ambitions mondiales comme celle-ci : selon le cabinet d’études américain Gartner, quelque 5,2 millions de netbooks, ces ultra-portables conçus pour des besoins bureautiques simples (traitement de texte, tableur, mails, surf sur Internet… ) devraient être commercialisés cette année.

Leurs ventes devraient atteindre 8 millions d’unités l’an prochain et  50 millions en 2012.  A la fin du Netbook World Summit, une analyste d’IDC prédit également un bel avenir aux ultra-portables.

Les accros et les néophytes

Lundi matin, la session Netbook a été inaugurée par Hervé Yahi, nommé début novembre PDG de Mandriva (éditeur d’une distribution Linux). Il a rappelé que son entreprise comptait bien capter une partie de ce segment de marché avec son Mandriva Mini, une solution Linux pour netbook.

Hervé Yahi a distingué deux grandes familles d’utilisateurs. D’un côté, les accros à l’informatique qui achètent un netbook comme second ordinateur portable afin de l’emporter partout avec eux.

De l’autre, ceux qui ne connaissent rien à l’informatique et que les netbooks permettent de s’initier au travail sur ordinateur et à Internet. Une partie des conférences organisées pendant ce Netbook World Summit s’est ensuite concentrée sur cette seconde catégorie d’utilisateurs potentiels et en particulier sur les enfants.

Le netbook est à l’ordinateur domestique ce que la guitare est au piano

Bastien Guerry, membre de l’équipe “éducation” chez OLPC ([2] rappelons qu’il est possible d’acquérir le XO sur Amazon.co.uk) et Patrick Ferran, directeur de Gdium qui développe un netbook pour collégiens et lycéens fabriqué par EMTEC (filiale de Dexxon Data Media) étaient présents.

Paraphrasant Alan Kay, un autre informaticien américain passionné par l’éducation, Bastien Guerry de l’OLPC a rappelé que l’ordinateur n’est rien tout seul, mais qu’il peut être un formidable véhicule.

“Il n’y a aucune magie dans un ordinateur, de même qu’il n’y a rien de magique dans un piano, a-t-il commenté. Mais, de même que le piano a joué un rôle très important dans la distribution, auprès de beaucoup de foyers, de la pratique musicale, l’ordinateur a démocratisé une certaine pratique de l’informatique.”

Bastien Guerry poursuit: “Et l’on peut dire que le netbook est à l’ordinateur domestique ce que la guitare est au piano : un instrument que vous pouvez emporter n’importe où avec vous.”

(lire la suite page suivante)Citant Abdoulaye Wade, le président du Sénégal très impliqué dans les débats sur la fracture numérique Nord-Sud, Patrick Ferran, représentant de Gdium, a rappelé qu’il y avait en Afrique un milliard d’habitants, mais seulement 15 millions d’ordinateurs.

“Les netbooks qui sont bon marché, robustes et connectés peuvent jouer un rôle très important dans l’éducation”, a-t-il estimé.

Sugar Labs : un marché d’un milliard d’enfant et zéro budget

Mais la conférence a surtout été marquée par l’intervention de Walter Bender, chercheur au MIT et directeur général de [3] Sugar Labs, une organisation qui propose gratuitement en licence GPL Sugar. Il s’agit de la plate-forme éducative du XO destinée aux jeunes enfants et tournant sous Linux.

Bras droit de Nicholas Negroponte au sein du projet OLPC, Walter Bender avait démissionné en avril. Le mois suivant, il lançait Sugar Labs “pour donner de l’air à Sugar”, avait-il expliqué à l’époque.

Walter Bender, lui, a une ambition folle. “notre marché potentiel, c’est un milliard d’enfants dans le monde ” a-t-il indiqué. Et… pas de moyen ! “Mon budget est de zéro“, a-t-il révélé à Vnunet.fr en marge de son intervention.

Car Sugar Labs fait appel au volontariat pour continuer à travailler sur la plate-forme éducative et à quelques sponsors pour financer les voyages de quelques volontaires afin que ces derniers puissent se rencontrer et échanger.

Malgré cela, plus de 600 000 enfants utilisent déjà Sugar dans un peu plus de trente pays, dont près des deux tiers en Amérique du Sud. A noter que beaucoup de ces enfants ont en fait accès à Sugar sur leur netbook XO de l’OLPC.

L’accès à une pédagogie de la découverte

Mise au point sous l’égide d’un comité pédagogique dont le célèbre mathématicien Seymour Papert a fait partie, Sugar est une plate-forme qui permet aux enfants non seulement de “consommer” des nouvelles technologies (surfer sur le Web, lire, tchater, jouer à des activités multimédias, à des jeux… ), mais aussi d’être acteurs (écrire, réfléchir, dessiner, écrire des programmes multimédias, partager… ).

“Mon objectif est de faire apparaître une génération de penseurs critiques, grâce à la compréhension de la science, explique Walter Bender. “Je veux donner aux enfants l’accès à une pédagogie de la découverte : se poser des questions est un art créatif.”

Bref, Walter Bender croit qu’un notebook équipé de la plate-forme Sugar peut être pour chaque enfant l’occasion d’apprendre à apprendre, et ainsi, de conquérir son autonomie. “Je ne connais pas de meilleur outil pour apprendre que l’ordinateur”, a-t-il conclu. Surtout, si c’est un netbook ?


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URL de l’article: http://www.itespresso.fr/netbook-un-outil-favorisant-lacces-a-la-connaissance-dans-les-pays-pauvres-23751.html

Les URL dans cet article :

  • [1] Intel :
    http://www.itespresso.fr/tag/Intel
  • [2] rappelons qu’il est possible d’acquérir le XO sur Amazon.co.uk :
    http://www.itespresso.fr/pc-low-cost-le-xo-olpc-debarque-en-europe-23564.html
  • [3] Sugar Labs :
    http://www.sugarlabs.org/go/Sugar_Labs
  • [4] Netbooks : AMD veut croiser le fer avec Intel :
    http://www.itespresso.fr/netbooks-amd-veut-croiser-le-fer-avec-intel-23593.html
  • [5] Netbook : “une nouvelle source de revenus sur un marché facile à conquérir” :
    http://www.itespresso.fr/netbook-une-nouvelle-source-de-revenus-sur-un-marche-facile-a-conquerir-237
    38.html

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