F. Brottes (député PS): “Les Français qui vivent à la campagne ont aussi droit au très haut débit”

En plein débat LME, l’élu socialiste, accusé d’avoir proposé un amendement favorisant Numericable, explique sa conception de l’aménagement du territoire.

Alors que le Sénat poursuit mercredi après-midi l’examen du projet de loi de modernisation de l’économie, dont plusieurs amendement portent sur le déploiement de la [1] fibreoptique en France, le député François Brottes a répondu aux questions de Vnunet.fr sur les problèmes que soulève cette loi. Vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, élu de l’Isère, François Brottes suit les questions d’aménagement du territoire et d’infrastructure depuis de nombreuses années : de 1982 à 1986, il a fait partie de la mission interministérielle pour le développement du câble.

Vnunet.fr : Pourquoi avez-vous introduit dans le projet de loi de modernisation de l’économie un amendement qui permet au cablo-opérateur déjà présent dans un immeuble de moderniser son réseau, sans avoir à demander l’autorisation des copropriétaires ?
François Brottes : Je suis député de la cinquième circonscription de l’Isère et pendant très longtemps j’ai été membre de l’Association Nationale des Elus de la Montagne. Je suis donc très sensible à l’aménagement du territoire, qui passe par une répartition harmonieuse des infrastructures et donc des investissements. Dans le cas de la fibre optique (mais c’est aussi vrai pour les relais de téléphonie mobile), si deux opérateurs investissent au même endroit, ils ne vont pas investir ailleurs : l’argent n’est pas infini. Le surinvestissement dans les villes, là où, certes, vivent 80% des gens, me pose problème. Je pense aux 20% des Français qui habitent à la campagne et qui, eux aussi, ont droit au très haut débit. Dans ce contexte, avoir trois ou quatre réseaux de fibre optique concurrents dans un même immeuble ne sert à rien. Autant que le cablo-opérateur qui a déjà investi dans cette copropriété puisse facilement moderniser son réseau et que ses concurrents aillent investir leur argent ailleurs !

Alors que le Sénat poursuit mercredi après-midi l’examen du projet de loi de modernisation de l’économie, dont plusieurs amendement portent sur le déploiement de la fibre optique en France, le député François Brottes a répondu aux questions de Vnunet.fr sur les problèmes que soulève cette loi. Vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, élu de l’Isère, François Brottes suit les questions d’aménagement du territoire et d’infrastructure depuis de nombreuses années : de 1982 à 1986, il a fait partie de la mission interministérielle pour le développement du câble.

Vnunet.fr : Pourquoi avez-vous introduit dans le projet de loi de modernisation de l’économie un amendement qui permet au cablo-opérateur déjà présent dans un immeuble de moderniser son réseau, sans avoir à demander l’autorisation des copropriétaires ?
François Brottes : Je suis député de la cinquième circonscription de l’Isère et pendant très longtemps j’ai été membre de l’Association Nationale des Elus de la Montagne. Je suis donc très sensible à l’aménagement du territoire, qui passe par une répartition harmonieuse des infrastructures et donc des investissements. Dans le cas de la fibre optique (mais c’est aussi vrai pour les relais de téléphonie mobile), si deux opérateurs investissent au même endroit, ils ne vont pas investir ailleurs : l’argent n’est pas infini. Le surinvestissement dans les villes, là où, certes, vivent 80% des gens, me pose problème. Je pense aux 20% des Français qui habitent à la campagne et qui, eux aussi, ont droit au très haut débit. Dans ce contexte, avoir trois ou quatre réseaux de fibre optique concurrents dans un même immeuble ne sert à rien. Autant que le cablo-opérateur qui a déjà investi dans cette copropriété puisse facilement moderniser son réseau et que ses concurrents aillent investir leur argent ailleurs !

VNunet.fr : Vous ne vous sentez pas trop à contre-courant du libéralisme ambiant ?
François Brottes : Je suis pour la neutralité de l’infrastructure. Il est vrai que dans l’idéal, j’aurais préféré une grande entité nationale qui aurait géré le réseau de fibre optique, comme cela existe en France pour le réseau de chemin de fer ou le réseau de transport de l’électricité. Dans la situation actuelle, les opérateurs de fibre optique sont à la fois gestionnaires du réseau et vendeurs de contenus, de services. Même la Commission européenne, que l’on ne peut pas accuser d’être composée de “dangereux gauchistes”, commence à critiquer ce genre de systèmes. Pour l’électricité, par exemple, elle s’alarme que dans certains pays le même opérateur gère le réseau et vende de l’électricité. Eon, il n’y a pas si longtemps, a plongé la moitié de l’Europe dans le noir, parce que, lors d’un incident sur le réseau électrique, il n’avait pas su arbitrer entre son rôle de gestionnaire du réseau et de vendeur d’énergie !


2 commentaires (OuvrirFermer)

2 commentaires A « F. Brottes (député PS): “Les Français qui vivent à la campagne ont aussi droit au très haut débit” »

#1 Commentaire Par Free style Sur 17 juillet 2008 à 1:08

Monsieur BROTTES fait la démonstration que l’amendement, que je baptise “amendement NC” devait absolument être retiré.

Si Monsieur BROTTES à raison quand il dit que le haut débit doit être fourni également à ceux qui habitent la campagne, ce n’est pas une raison, sous le prétexte économique, d’imposer NC (actionnaire d’Alice à 30% je crois) comme opérateur unique dans les grandes villes ou il présent comme PARIS (pour ne parler que de PARIS) dont l’offre technique n’est pas comparable à celles d’Orange, Neuf ou encore de free.

Cet amendement est même dangereux car il ouvre la possibilité aux opérateurs de passer des accords pour se partager la France.

Si il faut une loi, il faut qu’elle permette aux copropriétés d’être souveraines dans leur choix et permette d’éviter que certains soient tenter d’établir un monopole.

#2 Commentaire Par Alan Sur 23 juillet 2008 à 15:07

La fibre est pourtant l’avenir de la Nation, rater le tournant du très haut débit c’est hypothéquer l’avenir économique de la France. Cependant, il faut que se développement soit harmonieux, qu’il implique autant les villes que les zones rurales (où il y a un vie observable mais si peu d’intérêt économique…) et donc limiter les concentrations d’investissement dans les villes. Cependant, cet amendement couvre maladroitement le fond du problème : ce déploiement si l’on veut qu’il ne condamne pas les trois quart de la France au sous développement doit être publique et non privé… mais peut-être devra-t-on attendre une crise telle que celles des années trente pour comprendre que l’investissement publique est déterminant pour le développement d’une nation.

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