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Un médicament sur deux vendu en ligne est une contrefaçon

Dans un rapport, le FDI prône une ouverture étroite de la vente légale de médicaments en ligne, tout en se montrant ferme face au trafic illicite.

La vente en ligne de médicaments, c’est pas automatique, pourrait-on dire en plagiant une publicité de la Santé publique concernant les médicaments génériques. Le Forum des droits sur l’Internet (FDI) a rendu public ces grands axes de recommandations dans un rapport intitulé “Le commerce en ligne et les produits de santé”. Ce rapport est le fruit de plus d’un an de travail, puisque le Forum a mis en place un groupe de réflexion* dédié en mai 2007.

On peut regrouper ses propositions en quatre idées fortes : permettre sous certaines conditions aux pharmacies ayant déjà pignon sur rue de vendre des médicaments de confort en ligne, autoriser le référencement de ces officines par les moteurs de recherche (sous le contrôle de l’Ordre des Pharmaciens), sensibiliser le grand public, lutter contre les sites illicites…

“Quatre aspects pratiques nous ont conduits à nous pencher sur le commerce en ligne des produits de santé”, détaille David Melison, juriste, chargé de mission au Forum et rapporteur de ce groupe de travail.“Les professionnels de la santé craignaient de rater le virage de l’internet.”

40% des spams concernent la santé

Ce type de commerce sur Internet est déjà une réalité. Mais un médicament sur deux vendu en ligne est une contrefaçon. Ce problème concerne surtout la mélatonine (”l’hormone du sommeil”), la DHEA (”la molécule de la jeunesse”), les anti-dépresseurs et les médicaments destinés à lutter contre les troubles de l’érection, style Viagra ou Cialis. En France, 40% des spams concernent la santé et proposent souvent du Viagra ou du Cialis.

Autre considération qui a poussé le Forum à se saisir du dossier : le droit européen rattrape la législation française. Le droit et la jurisprudence de la Communauté européenne rendent possible, normalement, la vente sur internet des médicaments “over the counter” (OTC). C’est à dire ceux qui ne sont pas vendus sur prescription médicale (que l’on peut aussi qualifier de médicaments de confort).

Enfin, il y avait le problème de la vente sur Internet de produits (lunettes, lentilles de contact… ) et de matériel médicaux, neufs ou d’occasion. “Il est possible d’acheter sur [1]eBay un lit médicalisé d’occasion, constate David Melison . Mais comment s’assurer que ce matériel a été correctement désinfecté et qu’il correspond bien aux besoins de son nouvel utilisateur ?”.

Du e-commerce qui s’appuie sur les monopoles existants

Face à toutes ces contraintes, les experts du Forum prônent une ouverture étroite du commerce en ligne des médicaments et la lutte contre le commerce illicite de tels produits.

Selon le Forum, la vente de produits sur prescription médicale ne devrait pas être autorisée. “Ce serait trop compliqué à mettre en place, explique David Melison. Il faudrait pouvoir télé-transmettre l’ordonnance du médecin dans de très bonnes conditions de qualité : les médecins ont souvent une écriture difficile à déchiffrer !”.

Seule la vente des médicaments de confort serait possible. Mais uniquement en s’appuyant sur le réseau et les monopoles existant. “Ces monopoles se justifient par des raisons de santé publique”, remarque David Melison.

Concrètement, seules les pharmaciens disposant déjà d’une officine dans le monde réel pourront vendre des médicaments en ligne. De plus, l’acheteur devra pouvoir facilement s’entretenir en ligne avec le pharmacien. Les sites de ces officines virtuelles devront être authentifiés par un logo, qui renverra vers le CNOP (Conseil national de l’Ordre des pharmaciens). De facto, cette vision de développement du marché exclurait les cyber-pharmacies “pure players”.

Toujours selon les recommandations du Forum, cette authentification fera également l’objet d’un partenariat avec les moteurs de recherche, pour que chaque officine virtuelle agréée par le CNOP bénéficie d’un signe distinctif sur [2] Google ou Yahoo, par exemple.

Pour les produits médicaux, leur vente en ligne ne sera pas autorisée s’ils doivent être “sur mesure”. “Des sites proposent de vous vendre des lunettes, mais c’est à vous de prendre les mesures nécessaires à l’adaptation des verres à votre morphologie, comme l’écart entre les deux yeux. Neuf fois sur dix, les internautes se trompent et les lunettes livrées ne correspondent pas aux besoins”, relate David Melison.

Faciliter le signalement de commerce illicite

En ce qui concerne la lutte contre le commerce illicite, le Forum recommande d’inclure dans la liste des infractions reconnues par la Loi sur la Confiance dans l’Economie Numérique (LCEN), les infractions relatives aux règles protectrices de la santé publique, ce qui permettrait de faciliter leur signalement.

Enfin, une base de données recensant tout ce qui est médical et qui peut – ou ne peut pas – être commercialisé en ligne serait créé. Ce fichier serait mis à disposition des intermédiaires. Si elles sont approuvées, ces mesures ne devraient pas entre en vigueur rapidement. “Il y en a encore pour au moins deux ans de travail “, estime David Melison.

*Ce groupe de réflexion réunit des représentants des acteurs économiques, des consommateurs, des pouvoirs publics et des spécialistes de cette matière : l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services internet), l’AFSSPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), le CNOP (Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens), la HAS (Haute autorité de santé), le Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, l’ORGECO (Organisation Générale des Consommateurs) et l’UNAF (Union nationale des associations familiales).

Comment les Ovnis ont affolé le site du Cnes

Les internautes se sont rués sur le site du Centre national d’études spatiales dédié aux « phénomènes aérospatiaux non identifiés ». Enquête sur la mobilisation de l’équipe technique.

« C’est toujours terrible le succès ! ». Amin Mamode, directeur des services informatiques du Centre National d’Etudes Spatiales (Cnes), se souviendra longtemps de la folle période entre le jeudi 22 mars et le vendredi 30 mars derniers.

C’est le moment choisi par le Cnes pour annoncer officiellement la mise en ligne des archives du Geipan. Derrière ce sigle se cache le très sérieux  » Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés « . En clair : l’équipe au sein du Cnes qui s’occupe des Ovnis. Au cours des vingt dernières années, elle a rassemblé tous les témoignages mentionnant des PAN (phénomènes aérospatiaux non identifiés) recueillis en France. Une mine d’information que le Geipan veut mettre à disposition du grand public vua Internet.

Ainsi, le 22 mars, une première série de 350 documents – certains accompagnés de croquis – est accessible en ligne. Une initiative qui attire l’attention des médias du monde : presse, télé, radio et bien sûr Internet. Les internautes, surtout des Français, des Italiens et des Américains, se ruent sur le site Cnes.fr qui sert de portail à tous les projets maison. Au lieu des 15 000 à 20 000 connexions par jour que le serveur Sun, installé dans les locaux toulousains du Cnes, gère habituellement, la machine doit soudain en traiter plus de 200 000.

Son CPU (Central Processing Unit), occupée à plus de 90%, sature dangereusement. Le site Cnes.fr ne tarde pas à s’effondrer. Mais l’adresse directe d’accès au site du Geipan (Cnes-geipan.fr) a eu le temps d’être diffusée dans le cyberespace (merci Google!). Les internautes s’y précipitent, provoquant l’effondrement d’un second serveur Sun que le Cnes utilise pour héberger les sites spécialisés de ses équipes. « Le jeudi soir, plus rien ne répondait », soupire Amin Mamode.

L’art d’expliquer la saturation des serveurs par les files d’attente de la Poste

Dix personnes vont travailler d’arrache pieds pendant plus d’une semaine pour rétablir les sites, tout en augmentant les capacités d’accueil.

Côté hardware, le Cnes passe de deux serveurs à cinq : aux deux machines initiales ont été ajoutés un serveur prêté gracieusement par Sun et deux anciens équipements du Centre national, qui, pour l’occasion, ont repris du service. Et les CPU de tous ces appareils ont été doublées. De plus, les cinq serveurs sont mis en Round Robing, une organisation des demandes de connexion qui évite les embouteillages.

« Au lieu d’attendre qu’un serveur soit saturé pour faire appel à un autre appareil, vous répartissez tout de suite les requêtes entre toutes les machines, explique Amin Mamode. C’est un peu comme dans les Postes où il y a plusieurs préposés, mais une seule file d’attente : dès qu’un guichet se libère, un client s’y rend ; la file d’attente est beaucoup plus fluide. »

Côté applications, les pages d’accueil des sites Cnes.fr et de Cnes-geipan.fr sont simplifiées. « La page d’accueil de cnes.fr, qui était très animée, a été rendue statique et certaines fonctionnalités de recherche de la première page de cnes-geipan.fr ont été désactivées », explique Amin Mamode.

Le plus long reste cependant à faire : les procédures de sécurisation et de tests, en particulier de tous les outils qui interviennent dans la chaîne Internet (Apache http Server, pour la gestion des connexions, Sitools pour l’extraction des témoignages archivés dans une base de données Oracle, etc.).

Retour à la normale progressif

Si Cnes.fr est remis en route dès vendredi 23 mars, un bref passage sur le site le mercredi 28 mars montre qu’il faut encore patienter 4 à 5 minutes avant de se connecter à Cnes-geipan.fr. Enfin, le vendredi 30 mars les trois nouvelles machines de Cnes-geipan.fr sont connectées. 24 heures de plus et leurs adresses IP font le tour de la cyberplanète.

« Aujourd’hui, nous traitons entre 40 000 et 60 000 requêtes par jour, mais nous sommes capables d’en accueillir jusqu’à 150 000, se félicite Amin Mamode. Nous allons bientôt réexaminer la configuration actuelle et revenir sans doute à deux serveurs. Si c’est le cas, nous repenserons toute notre architecture système et applicatif. »

L’intérêt pour le Geipan risque en effet de ne pas se tasser. D’ici à la fin de l’année, un millier de nouveaux documents doivent être mis en ligne.